La CGT Chômeurs a publié ce jeudi 29 août une étude alertant sur le nombre d’offres illégales proposées sur la plateforme France Travail. Un chiffre beaucoup trop élevé pour l’organisation syndical, qui appelle à un renforcement du service public de l’emploi pour résoudre cette situation aux conséquences réelles sur les personnes précaires, comme l’explique son secrétaire général Pierre Garnodier.
Comment avez-vous conduit votre étude ?
Nous avons extrait du site de France Travail toutes les offres d’emploi des secteurs de l’industrie, de la santé et des services à la personne, dans onze villes cibles. Sur les 1844 offres trouvées, 55 % sont illégales si on se fie au Code du travail. Il y a une différence avec l’étude de France Travail qui a choisi aléatoirement dans toute sa base de données 2500 offres vérifiées par un de leurs agents et 2500 offres de partenaires.
Et ils ont obtenu comme résultat 7 % d’offres illégales sur leur site, ce qui est déjà énorme en soi. Mais ce chiffre est faussé, car nous avons également noté que 80 % des offres sur leur site proviennent de partenaires extérieurs et non pas que 50 %.
En quoi ces offres d’emploi sont-elles illégales ?
Il est indiqué dans le Code du travail que toutes les offres doivent être le strict reflet du contrat de travail qui sera signé et ne pas comporter de mention susceptible d’induire en erreur. Ce n’est pas le cas de la majorité des annonces publiées. Par exemple, indiquer qu’une offre de CDD peut déboucher sur un CDI est illégal parce que cela ne correspond pas à la réalité du contrat signé.
Sinon, il s’agirait d’une période d’essai d’un CDI. Il y a aussi des offres « bidon », qui n’existent pas. Elles sont sur le site de France Travail, mais en cliquant sur le lien pour aller sur le site du partenaire, il est indiqué que l’offre a déjà été pourvue, mais elle n’a pas été retirée du site.
« Nous demandons qu’une vraie étude indépendante soit menée par la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) »
Et enfin il y a aussi des offres frauduleuses. Ce sont des annonces déposées par des entreprises privées avec pour objectif que les précaires postulent. C’est surtout le fait d’entreprises de travail temporaire qui proposent des contrats allant par exemple jusqu’à 18 mois. Mais quand on les contacte, on se rend compte que le poste n’est que pour quelques jours.
Quel effet cela produit-il sur les personnes en recherche d’emploi ?
Cela crée du désespoir chez les personnes précaires. Nous avons eu des témoignages de privés d’emploi qui nous expliquent que ça fait des mois qu’elles postulent à des offres sur le site de France Travail, mais que les employeurs ne répondent jamais. « Qu’est-ce que je peux faire ? », nous demande-t-on. On sait qu’il y a plus de dépressions et de tentatives de suicides chez les personnes privées d’emploi. Ces offres illégales contribuent fortement à accentuer ces sentiments.
Comment remédier à la situation
Nous demandons qu’une vraie étude indépendante soit menée par la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) et qu’elle enlève le droit aux partenaires privés de France Travail de poster autant d’offres mensongères sur leur site.
Notre but n’est pas de critiquer France Travail ni de demander sa privatisation. Au contraire, nous voulons défendre le service public. Nous allons saisir encore une fois la DGCCRF la semaine prochaine sur ce sujet. Hadrien Clouet, député insoumis, avait lui aussi saisi la Direction après notre dernière étude mais ces démarches ont toujours débouché sur des fins de non-recevoir.
Pour l’instant, nous avons l’impression qu’il n’y a pas de volonté de la DGCCRF ou même du gouvernement de mettre fin à ce phénomène des offres bidons. Et c’est un problème parce que nous avons énormément de précaires qui sont victimes de ces fausses annonces.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
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En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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