Les yeux vitreux, Jean 1 se remémore le jour où il a dû mentir à ses enfants. L’ouvrier leur a raconté qu’il se rendait sur son lieu de travail, cachant sa présence sur le piquet de grève, devant l’usine MA France, un sous-traitant de Stellantis. « Mes petits étaient inquiets de me voir à la maison en train de déprimer », confie-t-il, presque toujours à voix basse, comme pour faire taire sa souffrance. Il ralliait alors Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), naviguait dans la zone industrielle, pour finir par se garer devant les grilles de l’usine.
Le désespoir
Une pancarte est apposée « Carlos Tavares, tu mets 280 familles au chômage ». Le foyer de Jean est l’une d’entre elles. Ce lundi 12 août, un de ses camarades grévistes a tenté se suicider en s’immolant, piégé sous le poids de ses difficultés financières. « Si j’avais été là, je l’aurais accompagné dans son geste », avoue Jean, désespéré. Lui aussi a tenté de mettre fin à ses jours, tant son