C’est de pire en pire. Avec des étés de plus en plus chauds, un nombre croissant de logements se transforment en bouilloires thermiques invivables, sans que rien ou presque ne soit fait pour y remédier, dénonce une étude publiée le 22 août par la Fondation abbé Pierre (FAP). « La part des personnes habitant dans des logements trop chauds est en hausse de 26 % par rapport à 2013 », observe l’étude.
Cette situation devrait encore s’aggraver. « Un Français sur sept habite un territoire qui sera exposé à plus de 20 journées anormalement chaudes chaque été d’ici 2050 ». Mais les logements ne sont pas adaptés à ces chaleurs. Sans surprises, les plus précaires et les plus fragiles restent les plus touchés, parce qu’ils vivent davantage dans un habitat dégradé, de petite taille ou situé dans des grands ensembles denses. Les ménages modestes sont ainsi 37 % à souffrir de la chaleur, contre 20 % parmi les plus aisés.
Cette surexposition à la chaleur se traduit par une hausse de la mortalité et des sursollicitassions du système de soin. Pendant l’été 2023, le quatrième le plus chaud depuis 1990, 5000 personnes sont décédées en raison de la chaleur. Pour la même raison, 20 000 ont eu recours aux soins d’urgence, dont plus de la moitié a été hospitalisée. Cette surmortalité a entraîné un surcoût évalué par Santé publique France de 16 à 30 milliards d’euros entre 2015 et 2020.
De 68 000 décès en 2030 à 120 000 en 2100
Là encore, le pire est à venir puisque « en l’absence de politique d’adaptation suffisante, la mortalité européenne liée à la chaleur pourrait continuer à augmenter, pour atteindre 68 000 décès en moyenne chaque été d’ici 2030, 94 000 d’ici 2040 et 120 000 décès d’ici 2100 » souligne la FAP. Sans compter que ces calculs n’englobent pas les effets plus diffus sur les personnes exposées et l’impact sur leur productivité.
Malgré tout, la prise en compte des bouilloires thermiques reste au point mort. Elle n’entre pas en ligne de compte dans la définition de la précarité énergétique. Elle est à peine incluse dans le diagnostic énergétique (DPE), qui représente pourtant l’indicateur pour mesurer si des travaux doivent être réalisés dans un logement. « Au niveau des aides publiques, rien n’est prévu de spécifique pour adapter les logements aux canicules », note la FAP, les primes à la rénovation énergétique étant concentrées sur l’enjeu des économies d’énergie et de la baisse d’émission de CO2.
Même la Cour des comptes s’est alarmée devant l’absence d’anticipation des besoins en matière de protection contre la chaleur, et de leur chiffrage budgétaire. Aucune contrainte ne pèse non plus sur les propriétaires, alors que les locataires sont les plus affectés : 70 % d’entre eux souffrent de la chaleur dans leur logement.
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