Quelles dépenses impactent particulièrement les étudiants et étudiantes pour cette rentrée 2024 ?
Hania Hamidi
Secrétaire nationale de l’UNEF
Le premier poste de dépense reste le logement étudiant. Ensuite, c’est le coût des transports et de l’alimentation, qui a explosé l’année dernière avec l’inflation. Cette année, la contribution de vie étudiante de campus (CVEC), dépense obligatoire, qui augmente chaque année, culmine à 103 euros.
On l’appelle « l’impôt étudiant », sachant qu’on ne sait pas exactement à quoi sert cet argent. Les frais d’inscription sont également en hausse, alors qu’ils n’avaient pas augmenté depuis 2019. C’est vraiment alarmant qu’un gouvernement démissionnaire fasse passer cette réforme.
Quelles sont les conséquences sur les étudiants et étudiantes ?
Nous alertons depuis plusieurs années sur plusieurs points. Un étudiant sur deux est obligé de se salarier, la précarité alimentaire atteint des sommets : certains doivent sauter des repas, aller aux Restos du cœur. Malheureusement, il semble acté dans la société que, quand on est jeune, on est précaire, et on doit galérer. Le gouvernement devrait prendre en charge les jeunes et mettre en place des politiques publiques de soutien, des réformes structurelles sur les bourses par exemple.
Quels sont les profils les plus touchés ?
Les étudiants étrangers venus hors de l’Union européenne sont très touchés par la précarité, notamment à cause de la réforme Bienvenue en France, qui leur impose des frais d’inscription très élevés : 2 850 euros en licence et 3 879 euros en master. Ils n’ont pas les mêmes droits concernant l’accès au Crous par exemple.
C’est aussi le cas des étudiants et étudiantes résidant dans la France d’outre-mer, où le coût de la vie est largement supérieur à celui en métropole. Cela s’explique par la défaillance des services publics dans ces territoires. L’écart du coût de la vie entre les femmes et les hommes est également significatif, notamment au niveau de la santé : coût des consultations gynécologiques, différences de prix entre des produits d’hygiène similaires, précarité menstruelle…
Quelles sont les mesures que vous aimeriez voir appliquées ?
Le gouvernement doit se saisir de plusieurs questions : la question du repas à 1 euro étendu aux étudiants non boursiers, mesure qui a été supprimée. Il est aussi nécessaire d’augmenter les budgets des Crous pour construire de nouveaux logements et accorder davantage de bourses.
Mettre en place la gratuité des transports pourrait aider de très nombreux jeunes. Des politiques publiques ont déjà été mises en place dans certaines métropoles et cela fonctionne : les jeunes investissent des lieux culturels, s’émancipent, peuvent se rendre sur leurs lieux d’étude plus facilement…
Au niveau du logement, on revendique une augmentation des aides personnalisées au logement (APL) et un encadrement des loyers, surtout dans les grandes métropoles universitaires où les prix sont très élevés. Le coût moyen du logement pour un étudiant est d’environ 560 euros, avec un loyer moyen de 804 euros en Île-de-France.
Enfin, on demande une allocation d’autonomie pour tous et toutes, qui est une mesure historique de l’Unef. Sa mise en place serait à la hauteur du seuil de pauvreté et pour tous les étudiants. En effet, les moyens de financer les études sont assez inégalitaires : le salariat étudiant est la première cause d’échec pour obtenir un diplôme, un soutien familial est rare et les aides sociales insuffisantes. Cette réforme permettrait donc un droit à la santé, au logement, à l’alimentation et à la réussite universitaire.
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