Depuis le début des Jeux Olympiques de Paris, le président français, Emmanuel Macron, a publié à plusieurs reprises sur ses réseaux sociaux la déclaration « Ici, c’est la France ! ».
Macron affirme implicitement qu’il met en œuvre sa vision personnelle de l’événement et de la France. Depuis son élection en 2017, il cherche à projeter une France diverse, cosmopolite et ouverte sur l’extérieur, tout en renforçant les préjugés existants sur son style, sa culture et son histoire.
La cérémonie d’ouverture était donc l’incarnation des ambitions d’Emmanuel Macron. Elle associait des monuments comme la tour Eiffel et des personnages clés de l’histoire de France, comme Marie-Antoinette, à des représentations culturelles, musicales et vestimentaires de la France moderne. Parmi celles-ci figuraient des surfeurs, des rappeurs et des membres des communautés LGBTQ+.
Mais comme l’ont montré les récents événements politiques en France, la vision du président n’est pas appréciée par une bonne partie de la population. Les membres de l’extrême gauche s’opposent à ce qu’ils considèrent comme les tendances mondialistes de Macron, que le Comité international olympique (CIO) partage et accentue en organisant les Jeux.
Pendant ce temps, les membres de l’extrême droite ont longtemps rejeté la vision de la diversité et de la modernité centrée sur Paris et axée sur la ville de Macron. Cela s’est manifesté dans les réactions à la représentation de la Cène de Léonard de Vinci lors de la cérémonie d’ouverture, dans laquelle apparaissaient des drag queens, un mannequin transgenre et une chanteuse nue. L’Église catholique française a condamné ce dessin, le qualifiant de « moquerie du christianisme ».
Les organisateurs des Jeux olympiques de Paris ont depuis présenté des excuses, mais cela n’a probablement pas apaisé les communautés musulmanes du monde entier. Certains d’entre eux ont qualifié certaines parties de la cérémonie d’ouverture d’« absurdes », de « dégoûtantes » et de « promotion de formes sataniques ». D’autres y ont vu une tentative de l’Occident de leur imposer ses valeurs.
Ce sentiment a été apparemment partagé par la télévision publique chinoise, China Central Television, dont les commentateurs ont gardé le silence pendant les segments dans lesquels apparaissaient des membres de la communauté LGBTQ+. La Chine a l’habitude de chercher à réprimer ces communautés.
Certains musulmans français ont peut-être été consternés par la représentation d’une scène religieuse lors d’un événement organisé par une entité étatique française. Après tout, il a été annoncé à la fin de l’année dernière que les femmes musulmanes ne seraient pas autorisées à porter le hijab lors des compétitions olympiques pour la France. La justification de cette décision était que cela contreviendrait aux principes laïcs du pays, qui créent une séparation claire entre la religion et l’État.
Cette décision intervient à un moment particulièrement délicat, après les attentats du 7 octobre menés par le Hamas et l’invitation d’Emmanuel Macron au grand rabbin de France pour allumer les bougies de Hanoukka à l’Élysée. La guerre à Gaza continue de peser sur les Jeux. Des rumeurs circulent en effet selon lesquelles certains athlètes seraient prêts à se retirer de l’épreuve s’ils devaient concourir directement contre un athlète israélien.
La menace d’une telle action directe s’est déjà manifestée lors des Jeux. Lors d’un match de football entre le Mali et Israël, le 24 juillet, des spectateurs ont déployé des banderoles condamnant ce dernier pays et ont brandi des drapeaux en soutien à la Palestine. La grande majorité (95 %) des Maliens sont musulmans et 120 000 Maliens vivent en France.
Présence russe limitée
Israël n’est pas le seul pays où règne une certaine inquiétude. Suite aux récents scandales de dopage et à l’invasion de l’Ukraine, la plupart des athlètes russes et biélorusses sont interdits de participation à Paris. Quelques athlètes concourent en tant que neutres, mais les drapeaux nationaux, les hymnes et autres symboles nationaux sont interdits, et aucun représentant du gouvernement ou de l’État n’a été invité.
L’exclusion de la Russie a donné lieu à des spéculations selon lesquelles ses agents pourraient être responsables d’une série de sabotages ferroviaires qui ont provoqué d’importantes perturbations dans les transports le jour de l’ouverture des Jeux. Bien que personne n’ait été blessé ou tué, de telles attaques sapent la confiance du public, imposent des coûts économiques et sociaux aux citoyens et constituent clairement une tentative de ternir l’image de la France.
La France a la réputation d’organiser chaque année avec succès de nombreux événements majeurs. Cependant, la finale de la Ligue des champions de l’UEFA en 2022, qui se déroulait au Stade de France (principal site olympique cet été), a également été perturbée. De nombreux supporters de Liverpool ont vécu une expérience traumatisante en entrant dans le stade, et la police anti-émeute a gazé des spectateurs sans les protéger des attaques des voyous locaux.
Cette décision intervient après que Paris a rapidement décidé d’organiser le match après que l’UEFA eut retiré à Saint-Pétersbourg le droit d’accueillir la rencontre à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. On peut se demander si ces événements étaient une nouvelle tentative délibérée de dénigrer la France ou une simple coïncidence.
Certains ont avancé que le président russe Vladimir Poutine aurait cherché à affaiblir le CIO au cours de la dernière décennie. Il le considère comme une institution occidentale gouvernée par des valeurs et des règles qui maintiennent une domination qu’il n’apprécie pas.
La Russie a donc prévu d’accueillir les Jeux mondiaux de l’amitié un peu plus d’un mois après la fin des Jeux olympiques de Paris. Bien qu’il y ait une certaine confusion quant à savoir si l’événement sera reporté à 2025, on prétend que plus de 100 pays se sont déjà engagés à participer à ce qui pourrait bien constituer une menace existentielle pour le mouvement olympique moderne.
Le CIO fait habituellement tout son possible pour contrôler les lieux et les espaces qu’il choisit pour accueillir les événements olympiques, qu’il s’agisse de réprimer les manifestations d’activisme, de prévenir les actes de terrorisme ou même de minimiser l’intrusion commerciale de marques qui n’ont aucun droit légal de s’associer à l’événement.
Cependant, la nature conflictuelle de la géopolitique locale et mondiale est telle que nous devons nous attendre à davantage de controverses avant que la flamme olympique ne s’éteigne définitivement à Paris.