Sur le village olympique, le linge des athlètes sera assuré par les petites mains de l’économie sociale et solidaire (ESS). Neuf structures d’insertion et d’accompagnement handicap 1 ont conjugué leurs efforts et remporté ce marché réservé. Mathilde Bérody, directrice de la Conciergerie solidaire, raconte les coulisses de ce projet que sa structure chapeaute.
Quelle est votre mission dans le cadre des jeux Olympiques ?
Nous devons coordonner douze laveries ouvertes de 7 heures à 22 heures, ainsi qu’une autre dédiée aux sports collectifs jusqu’à 1 heure. Pour ce projet, 450 salariés ont été recrutés, formés et répartis sur plusieurs postes. Pour les blanchisseurs, par exemple, ce sont des entreprises Esat (établissements médico-sociaux proposant des activités professionnelles aux personnes handicapées) qui sont à l’œuvre. À l’accueil, on retrouve des salariés d’entreprises d’insertion et d’associations intermédiaires. Il s’agit d’un marché à plus de 2 millions d’euros. Nous sommes le troisième employeur du village, après Accor et Sodexo !
Comment s’organise le service ?
Nous devrions recevoir 8 tonnes de linge par jour. Soixante mille filets ont été distribués aux 15 000 athlètes résidents, à raison de deux par personne, qui peuvent être déposés dans n’importe quelle laverie. Nous avons développé une application pour le suivi de chaque filet lié à l’accréditation des athlètes. Chaque structure est responsable de ses salariés. Mais ces derniers travaillent ensemble, supervisés par un chef d’équipe dans chaque laverie. La Conciergerie solidaire coordonne ces responsables, assure la logistique et le bon fonctionnement d’ensemble. Elle rend aussi compte quotidiennement au client Paris 2024.
Quelle est l’origine de ce projet ?
Quand il a été question, en juillet 2023, que Paris 2024 en fasse un marché réservé, c’est-à-dire 100 % inclusif, très vite la Coorace (Fédération nationale d’entreprises de l’insertion par l’activité économique), les Canaux et les équipes d’ESS 2024 ont voulu se positionner et monter un consortium pour répondre à l’offre. La Conciergerie solidaire a été choisie comme mandataire pour notre expérience de coordination et de gestion. La Coorace a trouvé parmi ses adhérents ceux qui pourraient apporter des compétences et du savoir-faire.
Quelle suite donner aux Jeux ?
D’abord, réussissons-les, car il faut qu’on tienne jusqu’au bout. Mais c’est bien parti. C’est une belle opportunité de démontrer que des structures de l’insertion et du handicap sont capables de répondre à des marchés de grande ampleur, avec des exigences de qualité comme celles de Paris 2024. Nous voulons aussi inciter les fédérations sportives françaises qui organisent des compétitions à dédier ces marchés à des structures comme les nôtres. On a bel espoir. C’est une grande fierté pour nos salariés qui se trouvent souvent dans des situations sociales ou professionnelles compliquées. Là, se dire qu’ils jouent un rôle dans un grand événement, c’est extraordinaire. Ils sont tous extrêmement motivés.
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