« Ne nous trahissez pas », crie la foule. Des centaines de personnes se sont rassemblées ce jeudi 18 juillet, place de la République, à Paris, répondant à l’appel de la CGT cheminots, relayé par la centrale et quelques organisations, comme ATTAC. Sous le soleil de plomb, si l’on fustige Emmanuel Macron et son refus d’admettre la défaite aux législatives, les cadres du Nouveau Front populaire et leur incapacité à s’entendre sur un nom de premier ministrable sont également pointés du doigt. Thierry Nier, secrétaire général de la CGT cheminots, à l’initiative du rassemblement, pose le contexte : « Nous avons évité le pire (l’arrivée au pouvoir du RN), il nous faut maintenant aller chercher le meilleur ». Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, va dans le même sens en s’adressant au NFP. « Soyez à la hauteur de nos luttes. Chaque jour perdu est un jour gagné pour l’extrême droite ».
A Matignon quelqu’un « de gauche, vraiment de gauche ».
Même son de cloche du côté des militants, chez qui la joie cède place à l’impatience. Clémence, artiste-autrice de 33 ans, ne manque pas de rappeler qu’elle veut à Matignon quelqu’un « de gauche, vraiment de gauche ». Ses propos font écho à ceux de Paul, 20 ans, étudiant en Sciences Politiques et militant chez les jeunes insoumis qui affirme vouloir presser le NFP, mais « surtout les socialistes. On veut une personne rassembleuse, mais qui applique et défende corps et âmes le programme prévu ».
Christophe, infirmer de 57 ans, a quant à lui « l’impression que le pays est dans un blocage, qui semble voulu par le Président alors qu’il est censé être le garant des institutions. Nous avons voté, c’est la gauche qui est arrivée en tête et il ne veut pas nommer un Premier ministre issu du NFP ? Il y a un problème ». Plusieurs manifestants pointent également du doigt la responsabilité de l’Élysée dans la montée du Rassemblement National (RN). Patrick Baudouin, président d’honneur de la Ligue des droits de l’Homme, diagnostique : « La France est malade car il y a trop d’inégalités, d’injustices et de pauvreté ». Il poursuit, en désignant les politiques de gauche : « Ce que nous voyons depuis dix jours est désolant. Mettez-vous d’accord, suscitez un espoir. »
Tous paraissent conscients qu’un changement profond viendra aussi « de la base, c’est à dire des travailleurs, des retraités » explique Simone, 81 ans. « Je suis issue de la classe ouvrière qui aujourd’hui a un peu déserté les idées progressistes. Il faut la reconquérir, même si je n’ai pas de recette pour le faire ». Les responsables syndicaux appellent donc les citoyens à continuer à mettre la pression. « La victoire dans les urnes n’est pas suffisante, lance Thierry Nier à l’auditoire. Aucun gouvernement ne nous a donné quoi que ce soit sans mobilisation du monde du travail ». De son côté, Sophie Binet appelle à « construire une grande mobilisation à la rentrée. »