Les opposants à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron n’ont cessé de le marteler : ceux qui paieront le plus cher le report de l’âge de départ à 64 ans seront les ouvriers, ceux qui occupent les métiers les plus durs, de surcroît encore plus mal reconnus depuis la suppression de certains critères de pénibilité.
L’étude de l’Insee sur l’espérance de vie, publiée mardi 16 juillet, le confirme. « Dans les conditions de mortalité de 2020-2022, les hommes cadres de 35 ans vivent en moyenne 5,3 ans de plus que les ouvriers », indique l’institut, soit respectivement jusqu’à 83,9 et 78,6 ans. Surtout, « les ouvriers ont plus de deux fois plus de risque que les cadres de mourir entre 35 et 65 ans », pointe également l’institut de statistique.
« Les cadres sont moins soumis aux risques professionnels (accidents et maladies du travail, conditions de travail pénibles, etc.) », explique à l’AFP la statisticienne de l’Insee Nathalie Blanpain qui relève également « les comportements de santé à risque, les moindres recours et accès aux soins, ou encore l’obésité (qui) sont moins fréquents chez les cadres que chez les ouvriers ».
Chez les femmes, l’écart est moins élevé mais il se creuse
« Quand vous vous levez à 4 heures du matin pour aller à 5 heures à l’usine, que vous changez d’horaires une semaine sur deux, ou que vous travaillez de nuit, forcément, ça joue », ajoute Jérôme Boussard, ouvrier de 45 ans et secrétaire général de la CGT sur le site du constructeur automobile Stellantis à Sochaux (Doubs). « Quand les anciens partent en retraite ou pré-retraite, ils sont vraiment usés », constate-t-il.
Cet écart d’espérance de vie selon la classe sociale est moins important chez les femmes où la différence est de 3,4 ans. Néanmoins, si « quelle que soit leur catégorie sociale, les femmes vivent plus longtemps que les hommes », parmi elles, les inégalités se creusent. « Depuis les années 1990, l’écart d’espérance de vie entre les cadres et les ouvriers a diminué pour les hommes (-1,7 an), alors qu’il a augmenté modérément pour les femmes (+ 0,8 an) », souligne l’Insee.
Ces inégalités se retrouvent également en fonction du niveau de diplômes. « Entre les diplômés du supérieur et les non-diplômés, l’écart d’espérance de vie à 35 ans est de 8,0 ans pour les hommes et de 5,4 ans pour les femmes », précise l’étude.
Quant aux autres catégories professionnelles, les hommes des professions intermédiaires peuvent espérer vivre 47,4 ans supplémentaires au-delà de 35 ans (contre 48,9 années pour les cadres), les agriculteurs 47,2 ans, les artisans et commerçants 46,4 et les employés 45,1 ans.
Les inactifs, qui le sont souvent en raison de problèmes de santé ou d’invalidité, vivent de leur côté en moyenne seulement 34 ans supplémentaires (soit jusqu’à 69 ans). Chez les femmes de 35 ans, les espérances de vie sont relativement proches dans la plupart des catégories sociales : entre 50 et 53 ans supplémentaires, sauf pour les ouvrières (49,6 ans) et inactives (45,8).
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