Ou plutôt droit dans ses tongs : « Je ne suis pas en tong ni sur la plage. Je suis dans mon bureau, c’est mon rôle d’être auprès de l’administration qui prépare le budget. Le mandat que j’ai reçu, c’est le rétablissement des finances publiques et le retour des déficits publics sous les 3 % », clame-t-il lors d’un point presse.
Le ministre de l’économie annonce dans la foulée cinq milliards d’euros de gel de crédits ministériels. « Ma responsabilité est d’éviter que les dépenses ne dérivent en 2024 », assume celui qui a contribué à alourdir la dette de mille milliards d’euros depuis 2017. Le locataire de Bercy refuse de donner les détails de ces milliards gelés censés assurer à la France de conserver son cap de réduction des déficits à -5,1 % du PIB à la fin de l’année (-5,5 % fin 2023). Son cabinet s’empresse de préciser, sans second degré : « Demain, un nouveau ministre des Finances peut les dégeler ou les surgeler ».
Gelé, surgelé, réchauffé
Bruno le Maire ne fait la que du réchauffé. Après une première coupe de 10 milliards d’euros dans le budget 2024, une seconde coupe claire de 10 milliards avait déjà fait l’objet d’annonce en avril dernier, à l’époque où il fallait trouver une parade à la communication par l’INSEE du dérapage budgétaire de 2023.
Les économies étaient alors déjà annoncées dans le budget de l’État (ces fameux 5 milliards gelés), dans ceux des collectivités territoriales (2 milliards) et dans les superprofits réalisés par les énergéticiens (3 milliards), grâce à une taxe finalement à recalibrer, la première ayant échoué à ponctionner le montant prévu. Bravo Bruno.
Si le ministre en sursis de l’économie gesticule encore, c’est à nouveau pour se draper dans la bannière du « sérieux budgétaire ». Les services de la Commission européenne devraient déclencher officiellement mardi 16 juillet la procédure pour déficit public excessif.
Avec ces vraies fausses nouvelles coupes, Bruno Le Maire donne des gages pour obtenir l’extension de 4 à 7 ans du délai contraignant la France à diminuer ses dépenses publiques sous le seuil des 3 % du PIB. « Cela n’a rien à voir avec l’austérité. (…) Il y a des réalités financières, juridiques, qui s’imposent à nous », estime le ministre d’État.
« Ce gouvernement en sursis, avec la complicité d’un Emmanuel Macron dans le déni, ne tire donc aucune leçon du séisme politique que nous venons de connaître », dénonce Solidaire Finances publics, qui souligne que 108 millions d’euros ont été enlevés à la Direction générale des finances publiques.
« Si la recherche de l’équilibre budgétaire peut s’entendre, l’axe de la réduction de la dépense publique ne peut plus être entendu. (…) Il y a urgence à rechercher des recettes supplémentaires, notamment en taxant les plus riches et en refondant la fiscalité en profondeur. La question d’une fiscalité plus équitable assurant une juste répartition des richesses est cruciale. »
La nomination d’un ministre de l’économie émanant des rangs du Nouveau Front populaire remédierait sûrement à la situation.
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