Pendant qu’Emmanuel Macron fait sa rentrée des crasses en refusant de tenir compte du verdict des urnes, le Nouveau Front populaire (NFP) fait sa rentrée des classes. Comme les bons élèves qu’ils se plaisent à être, les écologistes ont tapé les premiers à la porte du Palais Bourbon. Rendez-vous fixé à 9 h 15 pour une arrivée groupée devant une meute de caméras.
Les sourires sont sur tous les visages de ceux qui n’imaginaient pas gagner 10 sièges dans l’opération. Il y a les réélus (Sandra Regol, Sandrine Rousseau, Charles Fournier…) et les nouveaux (Dominique Voynet, Boris Tavernier, Benoît Biteau…). Le soleil tape sur la place mais ne suffit pas à dissiper le brouillard politique et institutionnel. « La première qualité qu’on va devoir chercher chez les députés, c’est l’inventivité, prévient Benjamin Lucas, député Génération.s. Il nous faudra trouver des solutions à des questions qui ne se sont jamais posées dans l’histoire de la Ve République. »
« Le RN ne doit occuper aucun poste dirigeant »
Devant le futur groupe écologiste, Cyrielle Chatelain – qui l’a dirigé de 2022 à 2024 – prend la parole : « Le président de la République voulait clarifier ; il a provoqué le désordre. La clarté viendra du NFP. » Mais d’ici à ce que la gauche arrive à Matignon, il y a une Assemblée nationale à composer, dans laquelle « le RN ne doit occuper aucun poste dirigeant », exige celle que les Écologistes voudraient, selon nos informations, envoyer à la présidence de l’Assemblée. « Elle coche toutes les cases : rassembleuse, irréprochable sur le fond, connaissance du Parlement… », énumère un écologiste, avant la traditionnelle photo de famille des 32 députés sur le perron.
Place du Palais Bourbon, sonne l’heure de l’arrivée des insoumis. Aurélien Le Coq, député de Lille et responsable des Jeunes insoumis, arrive parmi les premiers. Tous les micros se tournent vers lui. L’occasion parfaite d’imposer le récit des législatives déroulé par la gauche : « La Macronie a perdu. Elle a été défaite dans les urnes. Elle a été battue aux élections européennes puis aux élections législatives. Gabriel Attal doit partir. C’est au Nouveau Front populaire de gouverner, d’appliquer son projet. »
À quelques mètres de lui, Claire Lejeune, insoumise nouvellement élue dans l’Essonne, dit son « grand soulagement » de voir l’extrême droite battue et le devoir de la gauche de ne pas décevoir le mouvement social qui s’est levé pour faire barrage au RN. La plupart des députés insoumis arborent un triangle rouge au col, symbole des déportés politiques sous l’occupation nazie. « On a perdu de super collègues, comme Charlotte Leduc ou Léo Walter, qui ne représentent pourtant pas ce que les gens détestent de la politique. Il nous faudra faire le bilan », assure Mathilde Hignet, députée d’Ille-et-Vilaine.
Qui sera premier ministre ? Les chefs de parti du NFP continuent les tractations
Dans la salle des Quatre Colonnes, un sujet occupe particulièrement les discussions. Qui entrera à Matignon ? Alors que les chefs de parti du NFP continuent les tractations, les informations n’arrivent qu’au compte-gouttes à l’Assemblée. À gauche, une certitude persiste : quel que soit le périmètre de la future majorité, les insoumis ne pourront en être exclus, et le programme du NFP doit servir de base aux discussions.
Pour le reste, chacun y va de son idée, d’un gouvernement d’union nationale allant des insoumis aux « Républicains » proposé par le socialiste Philippe Brun jusqu’à une alliance avec l’aile gauche de la Macronie. « On doit tous faire un stage en Allemagne, pour apprendre à construire de larges consensus », ironise le communiste Jean-Paul Lecoq.
« Il doit y avoir des discussions et un élargissement avec des personnalités progressistes avec lesquelles se mettre d’accord sur un programme minimum pour répondre à l’urgence sociale. Nous devons nous inscrire dans la durée », tranche le communiste André Chassaigne, qui présidait le groupe GDR de 2012 à 2024. Un groupe un temps menacé par la perte de plusieurs députés PCF et ultramarins.
« Il y a 8 communistes, Emmanuel Maurel et 8 ou 9 Ultramarins, affirme André Chassaigne. Je ne vois pas de raison pour que ça ne se fasse pas. » Une réunion est prévue, ce mercredi 10 juillet à 18 heures, en présence des députés d’outre-mer, dont certains que FI tente de débaucher pour rester le premier groupe du NFP.
Mais en début d’après-midi, coup de théâtre : les frondeurs insoumis, qui ne veulent plus siéger avec leurs anciens camarades, adressent une lettre à Cyrielle Chatelain et André Chassaigne pour leur proposer un « groupe commun » réunissant écologistes, communistes et élus Génération.s. Ce qui, pour l’heure, ne semble pas séduire le PCF.
Il pleut… François Hollande vient d’arriver
Peu avant 15 heures, la pluie s’abat sur le Palais Bourbon. Signe que François Hollande, nouveau député de Corrèze, est dans les parages. Il arrive avec la délégation PS, laquelle a plus que doublé sa taille entre 2022 et 2024. Dans le ciel, passent trois avions de chasse. « La patrouille de France salue le retour des socialistes », s’amuse Benoît Payan, le maire de Marseille venu accompagner les siens. Et de conseiller : « Nous devons présenter au plus vite un gouvernement avec un premier ministre. »
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, s’est dit prêt à assumer la fonction. Tout comme l’insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a débarqué, quelques minutes avant l’arrivée des socialistes, histoire de jouer jusqu’au bout le rapport de force entre les deux formations qui revendiquent le poste de premier ministre.
« Le principal verrou, c’est le refus du président de la République » de nommer une personnalité de gauche à Matignon, assure le député FI Paul Vannier. Car, qu’ils soient insoumis, socialistes, écologistes ou communistes, les 195 parlementaires du NFP pressent le forcené de l’Élysée de respecter les institutions. « Un gouvernement Borne 2 ou Attal 2 est inenvisageable, tonne le socialiste Arthur Delaporte. Nous ne sommes pas là pour faire vivre le libéralisme macronien. »
Plusieurs députés évoquent la possibilité d’obtenir des majorités pour faire adopter un possible plan pour l’école et l’hôpital. Il y a urgence. Mais le seul qui ne semble pas pressé, c’est Emmanuel Macron.
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