Dans cet entre-deux-tours, les syndicats et patronats persistent et signent dans leurs positionnements. Pour le meilleur et pour le pire. Lundi soir, la CFDT, la CGT, l’Unsa, la FSU et Solidaires ont appelé à un « sursaut démocratique, social et républicain », pour le second tour.
« Tous les gouvernements d’extrême droite ont eu comme première tentation de museler les contre-pouvoirs, rappelle l’intersyndicale. Le programme du RN est clair : pas de vraies mesures pour le pouvoir d’achat, pas d’abrogation de la réforme des retraites, austérité pour les services publics, nouvelles baisses d’impôts pour les plus riches. »
Face à ce retentissant appel, le silence dans lequel se sont murées FO, la CFE-CGC et la CFTC, depuis les européennes jusqu’aux législatives, est assourdissant. « Nous restons indépendants. Comme l’a toujours fait Force ouvrière, aucune consigne de vote ne sera donnée. Nous continuerons à porter nos revendications, quels que soient nos interlocuteurs », insistait Frédéric Souillot, dans un éditorial, jeudi 27 juin.
Le Medef accuse Mitterrand
Dans le camp patronal, le même mutisme se double de suffisance. « Je me garde d’exprimer une position électorale : le Medef n’en a ni la compétence, ni surtout la légitimité. En revanche, il nous appartient de continuer à éclairer le débat sur la base d’arguments économiques objectifs dans l’espoir que la rationalité économique puisse être mieux prise en compte », prévenait, dès dimanche, Patrick Martin.
Le président du Medef a son explication bien à lui des résultats du premier tour. Tout est de la faute de… 1981 : « Nous ne serions pas une nouvelle fois percutés par le débat sur les retraites si l’âge légal n’avait pas été abaissé à 60 ans, il y a quarante-deux ans. »
« On peut même revenir sur les congés payés, parce que si ce droit n’existait pas, on parlerait des vrais sujets pour le patronat, ironise le secrétaire confédéral CGT, Thomas Vacheron. En réalité, le patronat préfère remettre une pièce dans la désespérance sociale, pourtant carburant de l’extrême droite. Seuls comptent, pour lui, les intérêts économiques à court terme et non plus les valeurs républicaines. »
Le vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises en a donné un exemple. Lundi, regrettant les « trois mois de croissance perdue » entre les élections et les JO de Paris, Éric Chevée appelait les syndicats à « remettre à plat » l’assurance-chômage, une façon pour lui de remédier à « un univers politique incertain ».
« Tous ceux qui prônent le ”ni ni” serviront de marchepied au RN »
De quoi faire bondir Marylise Léon, qui a confié aux Échos, ce mardi, « trouver extrêmement inquiétant que les organisations patronales ne se positionnent que sur des questions économiques alors que les entreprises sont censées être les acteurs de la démocratie sociale, partie prenante de la démocratie tout court ». Dans un entretien croisé avec la secrétaire générale de la CFDT, son homologue de la CGT, Sophie Binet, a martelé : « Tous ceux qui prônent le ”ni ni” serviront de marchepied au RN. »
Dès dimanche soir, la CFDT et la CGT ont appelé à des désistements systématiques contre l’extrême droite et relancé leur campagne pour barrer la route de Matignon à Jordan Bardella. « Les militants syndicaux qui affichent des tracts dans les usines où l’extrême droite récolte 60 % des voix sont des héros ! » clame Thomas Vacheron.
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous tentons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons porter une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.Je veux en savoir plus.