Après les Européennes, le député Renaissance sortant Patrick Vignal est pris en étau comme jamais entre un RN conforté dans le Lunellois et le Pays de l’Or, et un Front populaire triomphant à Montpellier.
Peut-il, une nouvelle fois, déjouer les pronostics ? Pour sa 4e candidature au mandat de député de la 9e circonscription, le sortant Renaissance Patrick Vignal peut-il inverser la tendance, lourde, des élections européennes ? Un scrutin qui ne le place pas, loin de là, en position de favori pour le 1er tour des élections législatives de dimanche.
Sur ce territoire “littoral” qui longe la côte Est du département et les stations de Mauguio-Carnon et La Grande-Motte, mord sur l’Est de Montpellier, de La Pompignane à Port-Marianne, et englobe les plaines à forte identité du Pays de l’Or et du sud du Lunellois, l’équation électorale est complexe à déchiffrer. Imprévisible même.
Un RN dominant aux Européennes
Si l’on s’en tient aux résultats des élections européennes, à l’évidence, le match est plié. Avec un bloc national à plus de 40 %, une union de la gauche au-delà de 30 et la majorité présidentielle à moins de 13 %, la messe serait dite. Par ailleurs, au fil des derniers scrutins, il est évident qu’une tendance politique inexorable semble s’affirmer ici. Elle rétrécit l’espace central et celui de la droite républicaine au profit des extrêmes : RN d’un côté, LFI de l’autre.
Le camp national divisé
Pour autant, à la veille du premier tour de ces législatives éclairs, le jeu semble encore ouvert. Y compris pour le député sortant Patrick Vignal qui, dans les circonstances, ne pouvait espérer meilleure configuration pour tenter de déjouer les pronostics. La situation est en effet complexe du côté du camp favori : celui du RN. Une bataille féroce est engagée entre Charles Alloncle, ex-responsable national des Jeunes LR, candidat officiel issu de l’alliance surprise des LR-Ciottistes et du RN et le local Frédéric Bort, candidat RN en 2022, écarté d’un cheveu au soir du premier tour il y a deux ans, et qui a décidé de partir en dissidence.
LFI fera-t-elle le plein à gauche ?
Entre les deux, les couteaux sont sortis : Charles Alloncle rappelant “le passé frêchiste et un temps macroniste et surtout l’opportunisme” de Frédéric Bort et ce dernier qualifiant aimable “aimablement” le candidat officiel RN-LR de “parachuté qui vient faire du tourisme électoral.” Quel effet dans les urnes aura cette division ? Mystère.
Le mystère est aussi épais à gauche. Comme la Nupes en 2022, le Nouveau Front Populaire a réservé à LFI la 9e circonscription. Et c’est une nouvelle fois Nadia Belaouni qui est repartie en campagne. La candidate a perdu d’un peu plus de 3 000 voix au second tour il y a deux ans face à Patrick Vignal. Mais c’était alors le temps d’une France Insoumise moins clivante auprès des électeurs sociaux-démocrates notamment. Or depuis 2022, la révélation des Européennes c’est que la gauche modérée s’est refait une place sur la 9e circonscription : la liste PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann est même arrivée en 2e position et 3 points devant la liste LFI de Manon Aubry.
Une équation personnelle favorable au sortant ?
Quel sera le comportement de ces électeurs PS qui, lors des derniers scrutins législatifs, ont sans doute été déterminants dans les élections de l’ex-PS Patrick Vignal ? C’est l’autre inconnue majeure de dimanche. Une inconnue qui se double d’une autre : quelle sera la part de séduction personnelle du sortant sur les électeurs de ce territoire dont il est le porte-voix national depuis 2012 ?