Sophie Pantel est la présidente du conseil départemental depuis 2015. Ancienne attachée parlementaire, elle avait été candidate aux élections législatives en 2012, sous la présidence Hollande, battue par le député sortant Pierre Morel-à-l’Huissier. Elle se présente aux élections législatives anticipées de 2024 sous la bannière du Nouveau front populaire.
Pourquoi vous présentez-vous à ces élections ?
Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, l’extrême droite peut revenir au pouvoir. Il y a un véritable risque. Donc, il y a eu ce contrat de législature des forces de gauche, un socle commun. J’ai été sollicitée au niveau national et régional pour représenter cette alliance en Lozère. Il faut apaiser, avoir une alternative, avec un projet qui redonnera de l’espoir. Retrouver l’essence du pacte républicain et de la cohésion au niveau de la nation.
La France Insoumise vous fait-elle peur ?
Je ne vois pas les choses comme cela. À l’assemblée nationale, il n’y aura pas un groupe du front de gauche, chacun sera dans son groupe politique. Me concernant, ce sera avec les socialistes. Ce n’est pas une Nupes 2. Nous sommes dans une autre dynamique avec des syndicats, des associations. La gauche a toujours été en responsabilité pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir.
Que comptez-vous faire pour la Lozère en cas de victoire ?
Il faut retrouver de la souveraineté pour réindustrialiser le pays. Il y a des mesures pour les TPE et PME qui seront favorables aux entreprises lozériennes. Après, il y a la question du pouvoir d’achat, du grand âge, la santé, l’hôpital public, la régulation des médecins généralistes. Nous sommes au bout d’un système. Je milite pour un pôle public du médicament. Il y a des choses à faire sur la prévention santé, l’alimentation. Je n’oublie pas le social. Ici, en Lozère, nous avons une expertise autour du sociomédical. Nous voulons travailler sur des plateformes de service pour le maintien à domicile. Côté agriculture, je continuerai à accompagner nos agriculteurs et d’être la voix de la ruralité. Enfin, il y a le problème de la décentralisation et du maillage des services publics, qu’ils ne soient pas faits en fonction de la population. Nous devons avoir, face à des situations différenciées, des réponses différenciées. Je suis la seule présidente de département à avoir demandé des expérimentations. Il faut redonner de la confiance aux territoires. Cela permet aussi un dialogue avec la population. Plus les décisions sont lointaines, plus nous continuerons à avoir des fractures.
Bio express
Sophie Pantel est née à Mende et est âgée de 52 ans. Juriste de formation, elle est l’une des figures du parti socialiste. En 1998, elle est assistante parlementaire et en 2012, elle se présente aux élections législatives sous la présidence de François Hollande, battue de peu par Pierre Morel-à-L’huissier. Sophie Pantel a été maire de Pont-de-Monvert, conseillère générale et régionale. En 2015, elle devient présidente du conseil départemental de Lozère. Sophie Pantel est promue chevalier de la légion d’honneur à la suite de son engagement et son action pour la Lozère et décorée par l’ancien Premier ministre, Bernard Cazeneuve.
Pourquoi, en Lozère notamment, le vote pour l’extrême droite s’amplifie ?
La population a un sentiment d’abandon de la part de l’État. Emmanuel Macron n’a eu de cesse, au cours de son premier mandat, de démanteler les corps intermédiaires pour les faire disparaître. Sur les territoires, ce sont pourtant eux qui font cohésion. Nous passons un temps fou à défendre nos acquis, tout en essayant de faire avancer les projets. Et nous n’avons pas les moyens de l’État pour compenser. En Lozère, les gens me parlent pouvoir d’achat, santé et service public. Le vote RN est aussi un vote protestataire qui caractérise ce sentiment d’abandon.
Si vous êtes élue, qui vous remplacera au Département ?
Notre groupe s’est réuni. Ce sera Jean-Louis Brun, élu sur le canton de Langogne, pour me succéder. Je resterai conseillère départementale.