Le 2 juin 2024, une action de groupe de salariés noirs1 a été initiée devant une cour de la ville d’Atlanta (Géorgie, États-Unis) à l’encontre de General Mills, multinationale fabriquant et commercialisant des produits alimentaires dont certains bien connus de nos assiettes. Signe des temps, est mise en cause une gestion du personnel qualifiée de suprémaciste blanc, c’est-à-dire une situation de discrimination raciale, dans l’une de ses usines du sud des États-Unis, ce, en contravention avec les fameuses lois sur les droits civiques des années 1960 (des XIXe et XXe siècles).
Il est soutenu que les postes de direction ou à responsabilité, les évolutions de carrière, le régime disciplinaire suivent une ligne de couleur. Les propos sont par ailleurs conformes aux comportements et utilisent toute la palette du discours raciste (qu’on se dispensera de citer). L’environnement de travail quant à lui est truffé d’imageries confédérées, rappelant le bon temps des Good Ole Boys et la hiérarchie défiant notre commune humanité. Au terme de l’assignation, il est conclu que la société a mis en place « un environnement de travail racialement hostile qui a entravé, affecté négativement les carrières des employés noirs, rompant ainsi avec les principes d’égalité et de non-discrimination ».
Par ailleurs, de façon intéressante, les salariés mobilisent la fameuse loi Rico contre les organisations motivées par le racket et la corruption. Si elle est utilisée aux États-Unis contre l’ex-président Donald Trump, elle a ici l’intérêt de mettre en relief les préjudices financiers extrêmement importants subis par les salariés. En l’espèce, l’argent, fruit de la discrimination, se retrouvait dans les poches des managers. Il n’est probablement pas anodin que la mobilisation de cette loi se fasse en Géorgie, lieu précisément où il a été prouvé que l’ex-président Trump a essayé de voler les dernières élections présidentielles qu’il a perdues.
Enfin, il est demandé au juge, outre ce qui est classiquement demandé, y compris en France (les réparations financières), de s’assurer du démantèlement du management discriminatoire et de la mise en place de pratiques de ressources humaines conformes à la loi, notamment au principe d’égalité et de non-discrimination. L’intérêt d’évoquer cette affaire naissante dans le sud des États-Unis ? Peut-être parce que l’exigence du respect de notre commune humanité, de la dignité de chacun, au travail ou ailleurs, par les règles de droit, est de moins en moins évidente en France… sauf un sursaut collectif salutaire.