Une fois de plus, l’histoire est tragique et la mer de Méditerranée porte un triste bilan comptable. Au moins 11 personnes sont mortes et une soixantaine portées disparues – avec de faibles chances de survie – à la suite du naufrage de deux embarcations de fortune, l’une partie de Turquie et l’autre de Libye, au large des côtes italiennes, ce lundi 17 juin.
C’est le triste constat apporté par l’ONG allemande Resqship, sur X. Son navire humanitaire Nadir a secouru entre les côtes libyennes et l’île italienne de Lampedusa 51 personnes en perdition « sur un bateau en bois rempli d’eau » dans lequel se trouvaient les corps de 10 autres exilés. Les victimes, toutes des hommes, seraient mortes d’intoxication aux fumées du moteur. « À force de respirer l’essence, les passagers se sont évanouis. Puis le bateau prenant l’eau, elles se sont noyées de manière inconsciente », relate Resqship.
Voilier à la dérive
Par ailleurs, les gardes-côtes italiens ont annoncé avoir récupéré 12 personnes sur un voilier à la dérive au large de Calabre, près de la ligne de partage entre les eaux italiennes et grecques, dont le bateau avait pris feu et s’était renversé. Un passager est mort à la suite des opérations de sauvetage. Les survivants et les personnes toujours portées disparues en mer venaient d’Iran, de Syrie et d’Irak, ont indiqué les agences de l’ONU.
En parallèle, l’ONG SOS Méditerranée a annoncé avoir secouru, lundi matin, 54 personnes, dont 28 mineurs non accompagnés à bord d’une embarcation pneumatique dans la zone de recherches libyennes. Le 11 juin, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) annonçait que le bilan du naufrage d’un bateau transportant 260 exilés au large du Yémen s’élevait à au moins 49 morts, parmi lesquels 31 femmes et 6 enfants ; 140 personnes sont portées disparues. « Cette tragédie nous rappelle, une fois de plus, qu’il est urgent de travailler ensemble pour relever les défis urgents de la migration et assurer la sécurité des migrants le long des routes migratoires », a-t-on déclaré à l’OIM.
L’an dernier, 3 155 personnes exilées sont mortes ou ont disparu en Méditerranée. Une année marquée notamment par le naufrage de Pylos, au large de la Grèce, où 82 personnes sont mortes et plus de 500 portées disparues. Les personnes décédées étaient 2 411 officiellement recensées par l’Organisation internationale pour les migrations, l’année précédente. La Méditerranée centrale, qui court des côtes libyennes et tunisiennes, au sud, aux rivages italiens, au nord, l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde, représente à elle seule 80 % des morts et disparus en Méditerranée en 2023.
Les exilés tentent de quitter la Libye et ses sinistres camps, la nuit, sur des embarcations surchargées, pour échapper aux gardes-côtes libyens, financés par l’Union européenne pour faire la chasse aux clandestins. Cela fait plus de dix ans que les eaux de la Méditerranée ont été transformées en véritable cimetière sous-marin, recueillant les corps de plus de 20 000 exilés morts noyés dans leur tentative de traversée vers l’Europe. « L’Europe forteresse tue », rappelle l’équipage de Resqship.