Sur fond de commémorations du débarquement, le chef de l’État, jeudi soir invité des journaux de 20 h de TF1 et de France 2, a rappelé les dangers de l’extrême droite et la nécessité d’une Europe forte face à l’expansionnisme de la Russie.
Emmanuel Macron forme un espoir depuis longtemps. Celui que l’Histoire le serve, une fois de plus. Qu’en cette fin de campagne européenne, les leçons du passé changent l’avenir écrit par les sondages. Pas question donc de ne pas utiliser ces quelques jours de commémoration du débarquement allié pour faire une dernière adresse aux français avant le scrutin du 9 juin, quitte à être accusé d’abuser de son statut de Président.
Dès le début de son interview, jeudi soir sur TF1 et France 2, Emmanuel Macron s’en défend mollement, comme si l’accusation importait peu : “Nous allons parler des commémorations, de l’Ukraine, de ce qui se passe au Proche Orient. Il ne faut pas confondre la mémoire et ce qui se passe dans la Nation… Et ça n’est pas moi qui ai choisi la date”, assure-t-il comme on hausserait les épaules.
“Éviter la loi du plus fort”
Mais ceux qui imaginaient, experts et conseillers, que le Président allait tracer un parallèle entre la montée de l’extrême droite dans les années 1920 et celle d’aujourd’hui, entre le Débarquement d’hier et la nécessité de faire barrage dimanche au RN auront été déçus.
Du Débarquement et de la seconde guerre mondiale, il n’a presque pas été question. Le Président a préféré évoquer la Russie de Poutine : “On ne peut pas s’empêcher de faire un parallèle… Notre pays a résisté quand tout le poussait à céder. Nous avons en Europe aujourd’hui l’Ukraine, un peuple face à une puissance impérialiste. Il faut éviter la loi du plus fort”…
Et de poursuivre : “La paix ne peut pas être la capitulation de l’Ukraine. Elle nous mettrait tous en danger car qui dit que la Russie s’arrêtera là”.
Des Mirages 2000 livrés à l’Ukraine
Emmanuel Macron a donc annoncé l’augmentation de l’aide à l’Ukraine par la livraison de Mirages 2000 dont la France formera les pilotes. Autre sujet plus éloigné des enjeux européens mais sur lequel prospère actuellement la France Insoumise : le conflit Israélo-Hamas.
“Il faut un cessez-le-feu parce que chaque jour qui passe accroît le drame humanitaire”, assure le Président qui rappelle aussi qu’il est favorable à une solution à deux États.
Mais selon lui, le moment n’est pas encore venu car reconnaître aujourd’hui “la Palestine c’est reconnaître une Palestine où il y a encore le Hamas dans beaucoup de tunnels. Ça n’est pas raisonnable de le faire maintenant, on ne reconnaît pas un État sur la base d’une indignation”.
Mais si le Président intervenait hier soir, trois jours avant un scrutin majeur pour la suite de son quinquennat, c’était bien évidemment pour offrir une dernière chance à sa candidate. Il a donc demandé aux français de se rendre aux urnes : “Je repense toujours à nos amis britanniques qui ne sont pas allés voter un certain jour de Brexit”, lance-t-il en conclusion.
Appel à un “sursaut”
Et loin de la neutralité présidentielle affichée en début d’émission, Emmanuel Macron termine son interview en rappelant ce que pourrait provoquer l’envoi d’une large délégation d’extrême droite au Parlement européen : “vous n’aurez pas une Europe des vaccins”, pas “de plan de relance”, “face à l’immigration clandestine vous n’aurez pas les textes qui nous protège”…
Et d’en appeler à “un réveil, un sursaut”.