Neuf ans après avoir participé à la vente des activités nucléaires d’Alstom au géant américain General Electric, le ministre de l’Économie de l’époque devenu président de la République annonce fièrement la conclusion d’un revirement à 180 degrés, entamés il y a quelques années. Les activités nucléaires de General Electric (GE), notamment les turbines Arabelle, reviennent de manière effective, ce vendredi 31 mai, dans le giron du géant français de l’électricité EDF, a pris soin de faire officiellement savoir Emmanuel Macron dans un entretien aux quotidiens régionaux du groupe EBRA.
Une vente par Emmanuel Macron neuf ans plus tôt
Pas de mention en revanche de la catastrophe sociale et industrielle engendrée par la décision validée alors qu’il était aux manettes de Bercy. La branche énergie d’Alstom a été acquise par General Electric (GE) en 2015 pour 12,35 milliards d’euros. Avec les déductions fiscales, GE avait finalement déboursé la somme de 8,35 milliards d’euros. Les salariés, eux, n’avaient pas eu voix au chapitre face à la grande braderie sur leur savoir-faire (et des brevets), à laquelle l’ancien banquier d’affaires chez Rothschild qui avait, avant 2012, conseillé General Electric, a participé avant de faire marche arrière toute.
Le chef de l’État a retourné sa veste, sept ans après le rachat des activités nucléaires par le géant américain. En campagne non officielle sur les lieux de l’ex-Alstom à Belfort, l’ancien ministre de l’Économie a indiqué la reprise par le secteur public des activités nucléaires. Dans son discours, Emmanuel Macron clamait la volonté de « reprendre en main notre destin énergétique et donc industriel », annonçant un plan de relance nucléaire, avec pour objectif de construire six réacteurs pour 2050.
« C’est lui, à l’époque où il était ministre de l’Économie, qui a poussé la vente des activités énergie d’Alstom à General Electric, qui, en six ans, n’a pas réalisé les investissements nécessaires, a sabré dans les effectifs, les savoir-faire. Cette transaction, sans perspective industrielle, n’est qu’un coup de com, un pansement pour masquer les errements de Macron », résumait alors Fabrice Coudour, de la FNME CGT.
De surcroît, le passage de la parole aux actes s’est fait attendre. Pour engager l’État à passer à l’action, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel et le candidat communiste aux européennes Léon Deffontaines s’étaient réunis à Belfort début mai avec Arnaud Montebourg pour faire pression afin que le gouvernement « assume la conflictualité » avec les États-Unis dans l’affaire du rachat de General Electric.
La promesse d’une stratégie « ambitieuse »
En guise d’épilogue, Emmanuel Macron a souligné que la nouvelle entité nucléaire sera « une filiale à 100 % d’EDF. » « La totalité du cycle nucléaire est donc désormais consolidée en France, de l’approvisionnement d’uranium à la fabrication des centrales et à leur exploitation ». Selon le chef de l’État, cela permettra de « reprendre en main la production des turbines, et elle pourra être rentabilisée car nous produirons pour nous-mêmes et pour les autres. »
Le locataire de l’Élysée a également indiqué qu’il dévoilerait de nouvelles annonces pour le nucléaire en fin d’années. « Nous développons des dizaines de milliers d’emplois dans la filière nucléaire », a-t-il déclaré promettant une stratégie encore « plus ambitieuse »… Dans un contexte d’austérité et de coupes drastiques du gouvernement dans les dépenses publiques, l’investissement dans les services publics n’est cependant pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une priorité de l’exécutif.
Et pourtant, « ces secteurs essentiels des transports et de l’énergie ne peuvent dépendre des seules manœuvres et volontés financières des actionnaires », prévenait déjà le communiste Alain Obadia, membre du Conseil économique, social et environnemental, président de la Fondation Gabriel-Péri dans nos colonnes dès 2014, au moment où l’État s’apprêtait à brader Alstom. Une leçon qu’il serait temps de retenir.