Loin de respecter l’Accord de Paris, les grandes entreprises françaises continuent de privilégier la rémunération des actionnaires au détriment des investissements dans la transition. Dans un rapport publié mardi 27 mai, Oxfam France révèle que les compagnies du CAC 40 ont versé en 2022 près de quatre fois plus de dividendes à leurs actionnaires qu’elles n’ont investis dans la transition écologique.
Alors que 2023 est l’année la plus chaude jamais enregistrée, que les pires conséquences du réchauffement climatique se font sentir, notamment dans les pays du « Sud Global », que les vagues de chaleur, les cyclones, les sécheresses, les inondations, ravagent territoires et population, les grandes entreprises continuent de mettre de côté la lutte contre ce phénomène dévastateur, d’origine humaine. Les marges de manœuvre des entreprises du CAC 40 sont d’autant plus importantes « qu’elles ne cessent de battre des records de superprofits et versements de dividendes depuis 2021 », rappelle l’ONG.
Danone dépensé 420 plus pour ses actionnaires que dans la transition
« Le CAC 40, qui a mis à profit la libéralisation débridée des quarante dernières années pour externaliser sa responsabilité sociale, ne doit pas utiliser les prochaines pour externaliser sa responsabilité environnementale et climatique », fustige l’Oxfam. Selon le rapport, ces entreprises seraient collectivement sur une trajectoire de 2,7 °C, loin, donc, de respecter les objectifs de l’Accord de Paris de 1,5 °C.
Parmi les entreprises dont la note d’alignement climatique est la plus inquiétante, on retrouve TotalEnergies, dont l’activité est majoritairement tournée vers les énergies fossiles, l’aciérie ArcelorMittal, le constructeur d’avions Airbus et le constructeur aéronautique Safran.
Des entreprises de l’agroalimentaire sont particulièrement pointées du doigt par l’ONG. Danone, Pernod-Ricard et Carrefour ont respectivement versé 420, 41 et 22 fois plus de dividendes à leurs actionnaires qu’elles n’ont investies dans la transition écologique.
Par ailleurs, le rapport pointe les banques françaises, qui « alimentent des entreprises climaticides ». Via leurs choix de crédits ou leurs activités sur les marchés financiers, « les banques choisissent de financer des entreprises ou des projets qui ont eux-mêmes un impact plus ou moins conséquent sur le climat », explique Oxfam.
En l’occurrence, 40 % des émissions de CO2 des acteurs financiers sont issues de leurs activités dans le secteur des énergies fossiles, selon l’ONG. Et pour cause : les quatre plus grandes banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BCPE) ont injecté plus de 512 milliards de dollars dans les énergies fossiles depuis la COP21.
Face au constat du mépris des grandes entreprises pour le climat, Oxfam France demande au gouvernement de « mettre en place une éco-responsabilité contraignante pour les grandes entreprises » et d’« encadrer la part des bénéfices allouée aux actionnaires via notamment la mise en place d’un dividende sociétal ou écologique ».
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