À l’occasion de la journée internationale de la biodiversité, mercredi 22 mai, l’ONG WWF, vouée à la protection de l’environnement et au développement durable, a établi un bilan inédit de l’état des rivières en France métropolitaine, en publiant un « indice rivières vivantes », fondé sur les données de programmes de surveillance. La conclusion est sans appel : certaines espèces de poissons et d’oiseaux s’effondrent.
Cet effondrement se traduit par un déclin de 0,4 % des populations de poissons et d’oiseaux observés depuis 20 ans. Et ce, en dépit des près de 500 milliards d’euros investis en faveur des politiques de l’eau. Le rapport met en avant un autre chiffre tout aussi glaçant : moins de la moitié des rivières est en bon état écologique : 43,1 % en 2019. « Il y a quelque chose qui cloche », dénonce Yann Laurans, directeur des programmes du WWF France cité par l’AFP, face à cet écart entre l’effort financier et les maigres résultats obtenus.
« Effondrement » des petits cours d’eau
Le déclin des populations masque de fortes disparités. « Aujourd’hui dans la Seine, au pont de l’Alma, vous trouvez à peu près six fois plus d’espèces de poissons que dans les années soixante. Et c’est vrai pour la plupart des grands fleuves, avance Yann Laurans. Mais en même temps, on a un effondrement de la qualité des petits cours d’eau dans le milieu rural parce que depuis maintenant 70 ans, on a mené une politique d’intensification des pratiques agricoles et d’artificialisation. » Les activités humaines ont en effet multiplié les sources de dégradation : barrages, dragages et canalisations en tout genre, prélèvements excessifs, rejets de pesticides, d’engrais ou de polluants industriels…
Le rapport illustre l’ampleur du problème à travers plusieurs exemples, notamment le grèbe huppé, grand oiseau plongeur et la truite des rivières. Tous deux ont connu une chute de leur population de respectivement 91 et 44 % en seulement deux décennies. A contrario, des espèces invasives connaissent un développement menaçant.
L’ONG prête à lancer une grande politique d’investissement
Pour améliorer la situation, le WWF se dit prêt à dépenser 5 millions d’euros en France métropolitaine, pour la préservation des zones humides en France. « On relance notre stratégie d’acquisition foncière » dans ces zones. « C’est un outil vital de préservation des espaces », précise Jean Rousselot, responsable eau douce de l’ONG. Il espère aussi pouvoir augmenter cette mise de départ en attirant des financements de l’État, de fondations…
Les terres seront ensuite préservées ou dédiées à une activité raisonnée. Ce n’est pas la première fois que le WWF opte pour cette stratégie. Dans les années 1980, il avait contribué à la création de la réserve naturelle de Chérine (Indre) dans la Brenne, dédié à la pisciculture depuis des siècles, où l’association possède des terrains.
« Heureusement, des solutions existent, précise Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, dans l’introduction du rapport. Nous en déclinons plusieurs dans ce rapport car le constat qu’il délivre sur l’état de nos rivières, loin de paralyser notre action, doit être une invitation à accélérer l’action. »
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