Le 25 mai 1913, sur la butte du Chapeau-Rouge, au Pré-Saint-Gervais (actuelle Seine-Saint-Denis), Jean Jaurès, alors directeur du journal l’Humanité et député du Tarn, prononce devant 150 000 personnes un discours contre le projet de loi visant à prolonger d’un an le service militaire, le faisant passer de deux ans à trois ans. Les tensions internationales entre les puissances s’exacerbent et, pour certains, dont le président de la République, Raymond Poincaré, « il n’est possible à un peuple d’être efficacement pacifique qu’à la condition d’être toujours prêt à faire la guerre ».
À l’inverse, Jaurès décide de mobiliser l’ensemble du mouvement ouvrier contre ce projet de loi qui prépare à la guerre. Hissé sur un camion, armé d’un drapeau rouge, face à une foule immense, il prononce ces mots en rendant hommage à celles et ceux qui ont porté les espoirs de la Commune de 1871 : « Ils n’ont pas lutté pour se ménager de vains honneurs, pour les joies du pouvoir ; ils avaient combattu pour préparer un avenir de justice. Leur foi, leur ardeur doivent être un exemple, car c’est cette foi, cette ardeur qui fait notre force et qui fera la force des générations nouvelles. »
La suite, nous la connaissons, malheureusement : quelques mois plus tard, la Première Guerre mondiale éclate et, le 31 juillet 1914, Jean Jaurès est assassiné. Depuis, il continue d’incarner cet idéal de paix, et nous poursuivons son combat.
Des débats et des rencontres pour faire émerger les chemins de la paix véritable
À l’occasion des 120 ans de l’Humanité, nous avons décidé de lui rendre hommage et de mettre en avant son engagement, en organisant la première Université de la paix. De façon symbolique, elle se tiendra à l’école Jean-Jaurès au Pré-Saint-Gervais, le samedi 25 mai.
Plusieurs personnalités et associations seront présentes, dont Elisa Marcobelli, docteure en histoire, Nicolas Offenstadt, historien, Bertrand Badie, professeur à Sciences-Po, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, ainsi que de nombreuses associations et ONG comme Handicap International, Amnesty International, le Mouvement de la paix, la Ligue des droits de l’homme, le Comité international de la Croix-Rouge, etc.
À l’heure où les tensions internationales sont plus vives que jamais, que la guerre plonge les peuples dans le chaos aux quatre coins du monde, que les budgets militaires n’ont jamais été aussi élevés, notre but reste d’interroger, de confronter les idées pour faire émerger les chemins de la paix véritable, comme le souhaitait Jaurès.
La guerre entraîne dans son sillage des morts, des destructions, et nourrit haine et rancœur. Mais la paix n’est pas juste l’absence de conflit. Elle est aussi un état de sécurité globale et totale pour les peuples, pour qu’ils puissent vivre dignement, sans épuiser les ressources et la biodiversité.
Cette première Université de la paix sera l’occasion pour chacune et chacun d’échanger et de faire vivre cette indispensable culture de paix.
Nous vous donnons rendez-vous le samedi 25 mai, au Pré-Saint-Gervais !