L’élu régional sétois a participé, le 9 mai à Kiev, au Sommet international des villes et des régions. Il raconte ce voyage fort en émotion.
Comment est né ce voyage en Ukraine ?
Il faisait suite à une rencontre entre la présidente de l’Union des régions d’Ukraine et la présidente de l’Association des Régions de France, Carole Delga, il y a quelques semaines, en vue de mieux coordonner nos actions. L’idée était d’envoyer une délégation de l’Association des Régions de France en Ukraine, dont j’ai fait partie pour représenter Occitanie.
Comment s’est déroulé votre voyage jusqu’à Kiev ?
L’Ukraine est un pays en guerre et on ne s’y rend pas n’importe comment. On est parti de Montpellier vers Paris, Amsterdam et Cracovie. Ensuite, nous sommes allés en voiture jusqu’à Przemysl. Là, on a pris un train spécial de nuit, avec onze heures de voyage jusqu’à Kiev. Le train s’est arrêté plusieurs fois dans la nuit, pour des contrôles par l’armée polonaise et ukrainienne. C’est très particulier.
“Les Ukrainiens ont un profond amour pour l’Europe”
Sur place, quelles ont été vos impressions ?
On a vu les stigmates de la guerre. À Kiev, il y a l’armée, mais c’est une ville en vie. Vous voyez des militaires qui embrassent leur femme et partent au front. Il y a une paix relative. On est allé dans le village de Moshchun, lieu d’une intense bataille en mars 2022. Vous y voyez des photos de soldats, puis un mémorial avec des bougies, où l’on s’est recueilli. C’était un moment fort. Un casque de réalité augmentée vous montre l’endroit pendant la guerre, ravagé par les bombes. Vous réalisez où vous êtes.
Le pays montre-t-il des signes de reconstruction ?
Évidemment, comme à Borodyanka. Vous avez des bâtiments détruits, des logements, des écoles, des bibliothèques totalement pulvérisés, et à côté de tout ça, une école neuve, un jardin d’enfants au milieu des ruines… C’est extrêmement émouvant. Vous voyez que c’est un pays brave, solide, avec des gens toujours debout, qui affrontent une réalité extrêmement dure. Beaucoup ont perdu un fils ou un parent. Ils affrontent la Russie, une armée, Vladimir Poutine, mais c’est un pays résilient, tout en restant en guerre, sous la menace. Des missiles traversent le ciel quotidiennement. Il y a du fatalisme, mais pas de résignation. Ils sont dans un travail de reconstruction et ils ont besoin de l’Europe, des États-Unis, que s’exerce la solidarité pour reconstruire des hôpitaux, des écoles, des universités…
L’œuvre d’un Sétois donnée à Zelensky
Sébastien Denaja a remis au gouverneur de Kiev, à l’attention du président Zelensky, l’œuvre créée par l’architecte et artiste sétois Sébastien Granier, symboliquement nommée “À nos deux mains”. Un moulage de l’espace intérieur d’une poignée de mains pour représenter la solidarité et la fraternité entre les peuples français et ukrainiens.
Quel a été le discours de Volodymyr Zelensky lors du sommet auquel vous avez assisté ?
Son plaidoyer a rappelé que l’heure est aussi cruciale pour l’Europe qu’elle l’était au tout début du projet moderne d’une Europe unie et pacifique. Zelensky a répété pourquoi l’Ukraine a toute sa place dans l’UE. Les Ukrainiens ont un profond amour pour l’Europe. Ils défendent notre modèle démocratique et pacifique.
Comment l’Occitanie peut-elle accentuer son aide envers l’Ukraine ?
La Région Occitanie, avec les régions de France, va continuer à se mobiliser. On se donne quelques semaines pour coordonner notre action jusqu’au congrès des Régions de France à Strasbourg, en septembre. Une convention sera signée entre l’Association des Régions de France et la présidente des régions d’Ukraine pour finaliser une feuille de route collective avec l’Occitanie. Des associations sétoises m’ont déjà sollicité pour un projet de coopération culturelle avec Odessa, au profit d’unités d’accueil pour enfants hospitalisés. J’espère qu’on va pouvoir le concrétiser.