Abandonné par l’État face aux menaces de l’extrême droite, le 11 mai 2023, Yannick Morez démissionnait de son mandat de maire de Saint-Brévin-les-pins, en Loire-Atlantique. Les nervis proches du parti Reconquête étaient allés jusqu’à incendier son domicile après que l’édile a accepté et soutenu la proposition de la préfecture de déménager les locaux du centre d’Accueil pour demandeurs d’asile (CADA), anciennement situé dans un ancien centre de vacances de la CCAS, pour l’installer dans le centre de la commune, à proximité de l’école.
« Deux parents et un petit groupe de riverains inquiets ont été instrumentalisés par l’extrême droite pour monter tout cela en épingle alors que la population dans sa grande majorité n’y voyait aucun problème », explique aujourd’hui Dorothée Pacaud, élue maire après la démission de Yannick Morez. « J’ai reçu, moi aussi, des menaces et des insultes lors de ma prise de fonction, continue-t-elle. J’ai dû déposer plainte à dix reprises. »
Une sur représentation de l’extrême droite dans les médias
Six nazillons ont d’ailleurs été jugés, en mars, par le tribunal de Saint-Nazaire pour avoir tenté d’attaquer un colloque organisé par la municipalité, en septembre 2023, sur l’accueil des exilés. Ders armes avaient été retrouvés dans leur véhicule lors de leur interpellation. Ce 7 mai, cinq ont été relaxés pour vice de procédure mais l’un d’entre eux a bien été condamné à six mois de prison avec sursis, pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou de dégradations ».
Pour Dorothée Pacaud, personne à Saint-Brévin ne cautionne les actions menées par l’extrême droite contre l’accueil des réfugiés. « Pour beaucoup c’est un non-sujet, assure-t-elle. Nous avons ouvert le premier centre en 2016 et ça n’a jamais posé de problème à personne. » Le nouveau CADA a, pour sa part, bel et bien ouvert en décembre 2023. Il accueille trente personnes isolées et quelques familles.
Sur la centaine d’exilés vivants dans le centre, un quart sont des enfants. Trois d’entre eux sont inscrits au collège et neuf à l’école primaire. « Ils sont parfaitement intégrés, se réjouie l’édile. Ils participent aux activités proposées par les associations et la commune. Lors du festival de littérature jeunesse, organisé il y a quelques semaines, plusieurs mamans se sont impliquées. Et les associations qui leur viennent en aide ont de nouveaux adhérents. » Dorothée Pacaud y voit la démonstration que le climat ayant mené à la démission de son prédécesseur est le fruit d’une surmédiatisation des agissements d’un petit groupe de militants racistes, extérieur à la commune, qui ont su mener à bien une opération de communication complètement coupée de la réalité des habitants de Saint-Brévin.
« Je ne comprends pas comment l’extrême droite parvient à prendre autant de place dans les médias, s’inquiète cependant la mairesse. C’est très préoccupant, en ce moment, avec la campagne des élections européennes. » Ce qui est sûr, c’est, qu’il s’agisse du Rassemblement national ou de Reconquête, leurs idées nauséabondes progressent en semant la peur et le mensonge.