L’épidémie de choléra a fait une première victime à Mayotte. Un enfant de 3 ans est décédé le 8 mai, plus de deux mois après l’apparition du premier cas, le 19 mars, ont annoncé la préfecture et l’agence régionale de santé. La victime « habitait dans le quartier de Koungou, dans lequel plusieurs cas de choléra avaient été identifiés ces dernières semaines », ont-elles précisé.
Ce drame survient alors que le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, était attendu le 9 mai dans l’île de l’océan Indien où, depuis fin avril, la maladie n’est plus importée des Comores voisines, où l’épidémie a déjà fait 98 morts, mais le fruit d’une contamination interne.
Une incapacité à fournir une eau potable
Les risques d’une flambée épidémique inquiètent. Malgré la surveillance mise en place, 58 cas ont été recensés depuis la mi-mars, dont 6 encore actifs au 6 mai. « Dans les quartiers aux airs de bidonvilles, la promiscuité des habitations, l’absence de services d’hygiène adaptés et le manque d’eau potable favorisent une propagation rapide des bactéries », alertait dès le 21 mars l’Unicef. L’incapacité de la Société mahoraise des eaux, filiale du groupe Vinci, à fournir de l’eau potable plus d’un jour sur trois est un facteur essentiel de risque de propagation de cette maladie bactérienne qui se transmet par l’eau ou par des aliments contaminés.
Pour lutter contre la transmission de la maladie, des mesures ont été prises. Deux unités de choléra ont été ouvertes, 4 000 vaccinations ont été réalisées et des soignants supplémentaires sont arrivés à Mayotte. Un protocole autour des malades infectés a été mis en place qui comporte la désinfection des foyers et le traitement des cas contacts.
Néanmoins, dans ce département chroniquement sous-doté en structures et surtout en personnel médical, la mobilisation de l’ensemble des ressources autour du choléra pourrait créer d’autres problèmes de santé publique et s’avérer insuffisante en cas de flambée.
La politique sécuritaire, matérialisée par le lancement à la mi-avril d’une deuxième opération « Wuambushu », destinée à casser l’habitat précaire des migrants et à les renvoyer aux Comores, complique elle aussi les efforts pour enrayer la propagation du choléra. « La présence de forces de police près des points d’eau entrave l’accès à l’eau potable, condamnant ainsi de nombreuses familles à boire de l’eau non salubre (puits, rivières, récupération d’eau de pluie), exposant ainsi les enfants qui sont les plus à risques face aux maladies hydriques », rappelaient, à la mi-avril, la Fondation Abbé-Pierre, Médecins du monde et la Cimade. La même menace les éloigne des centres de soins et de dépistage, au risque de les laisser propager le choléra.