Bien qu’en délicatesse dans les sondages, la tête de liste des écologistes, Marie Toussaint, entend rester combative, à un mois du scrutin. Face à ce qu’elle dénonce comme des « égoïsmes nationaux », à savoir la poussée des mouvements d’extrême droite, l’eurodéputée défend son projet : « le plus européen », selon elle, mais aussi « le plus fédéraliste », pour permettre à l’Union européenne d’exister en « bloc » dans une « économie mondialisée ».
Dans cette campagne européenne, il est peu question d’écologie, mais, quand vous présentez la protection de l’environnement comme « la norme des normes », ne craignez-vous pas un effet repoussoir ?
Il y a cinq ans, on pensait encore que le dérèglement climatique surviendrait ailleurs et demain. Depuis, on a assisté à l’explosion des catastrophes. Il nous faut accélérer la lutte contre le dérèglement climatique, mais aussi mettre en place des politiques de protection. Jusqu’ici, la recherche du profit et la course à la croissance ont été la règle. Cela fait cinquante ans qu’elles n’enrichissent plus que quelques-uns, qu’elles ne créent plus d’emplois et qu’elles dévastent la planète. Il faut changer de boussole.
Nous assistons aujourd’hui à une tentative de distraction des forces économiques, appuyées par leurs alliés dans certains partis. Elles pointent du doigt les normes environnementales qui nous protègent pour éviter de poser la question du modèle économique. Les droites et l’extrême droite nous expliquent que moins il y a de normes, plus on protégerait l’environnement. Mais de qui se moque-t-on ? Je propose une norme simple : ne pas prendre à la nature plus qu’elle n’est en capacité de nous donner.
Aussi, il est peu question de travail. Que peut l’UE ?
Beaucoup. Mon grand-père était mineur et il est mort très jeune parce que les travailleurs sont les premières victimes d’une politique qui se défie de la nature et de la santé. Si on avait pris soin des mineurs contre la silicose liée au charbon, on aurait mieux pris soin de la planète.