Actualité internationale, campagne électorale, enjeux pour le prochain mandat et pour le parti : l’eurodéputé et tête de liste Les Républicains aux européennes dévoile ses ambitions.
Vous avez eu un échange tendu avec Louis Boyard lors d’une mobilisation en soutien à la Palestine. À quel point cette actualité impacte-t-elle la campagne ?
Elle fait partie de la campagne. La France et l’Europe sont confrontées à des défis géopolitiques majeurs. Dans ce contexte, malheureusement, le paysage politique français est profondément divisé. Avec une extrême gauche qui n’arrive pas à condamner clairement le groupe terroriste qu’est le Hamas, et la menace qu’il fait peser, dans nos pays y compris.
Dans la campagne, s’invite aussi la visite de Xi Jinping en France. Au Parlement européen, vous aviez alerté sur la politique économique menée par la Chine vis-à-vis de l’Europe ?
Oui. L’Europe doit sortir de la naïveté. La Chine a une stratégie très agressive sur le plan industriel pour détruire notre capacité de produire en Europe.
C’est une vraie source d’inquiétude, j’ai essayé d’alerter depuis des mois au Parlement sur ce sujet essentiel. Cela m’a valu des menaces ou actes d’intimidation du régime chinois. Mais je continuerai. Je pense en particulier à cette décision absurde, d’un point de vue économique, social, et géopolitique, d’imposer 100 % de véhicules électriques aux Français à partir de 2035. Ça nous mettra dans la dépendance de la voiture chinoise. C’est une aberration sur laquelle il faudra revenir.
Face à cette concurrence, l’Union européenne reste la seule échelle pertinente ?
Bien sûr. À condition que l’Europe soit capable de changer de trajectoire. Or, elle croit d’abord pouvoir s’imposer par la multiplication des normes, de la complexité. Je crois, à l’inverse, que l’Europe doit nous renforcer par des stratégies collectives.
Pendant ces cinq ans au Parlement, nous avons défendu nos agriculteurs, nous nous sommes battus pour protéger la filière nucléaire, et donc faire baisser les factures d’électricité des Français, nous avons mené les combats pour défendre une écologie qui ne passe pas par la contrainte, mais qui soutienne les capacités à produire en France et en Europe.
Quels autres enjeux jugez-vous majeurs lors de la prochaine mandature ?
Il y a bien sûr les questions migratoires, fondamentales. Car si l’on veut assurer la sécurité des Français, il faut que l’Europe retrouve ses frontières, qu’elle permette à nos pays de les maîtriser, mais aussi qu’elle renforce la protection des frontières extérieures de l’Europe.
Lors de cette campagne, que percevez-vous : attente, ou indifférence des électeurs ?
Les Français n’ont pas encore forcément à l’esprit tous les enjeux de l’élection. Beaucoup voudraient leur raconter l’histoire d’un match retour de la présidentielle entre M.Macron et Mme Le Pen. Ce n’est pas la réalité. Le vrai enjeu, c’est : quelle majorité demain pour diriger l’Europe ?
On a en Europe deux grandes forces politiques. D’un côté la gauche, qui a travaillé toutes ces années pour désarmer nos États sur le sujet migratoire, pour fragiliser nos économies, notre industrie, notre agriculture. Et de l’autre, la droite, qui veut au contraire retrouver cette liberté des Français dans leur travail quotidien, qui veut combattre les projets de M.Macron de créer de nouvelles dettes et des impôts européens, qui veut que nous retrouvions nos frontières.
Vous ne souhaitez pas qu’Ursula von der Layen, pourtant membre, comme LR, du PPE, soit reconduite à la tête de la Commission ?
Non, parce que nous avons été en opposition avec la Commission européenne, sur la plupart des politiques majeures qu’elle voulait imposer. Nous disons que l’Europe a besoin de changer de cap en profondeur et que nous sommes les seuls capables de pouvoir l’obtenir.
Au Parlement, les élus RN ont été aux abonnés absents. Les Français me disent parfois qu’ils sont les seuls que nous n’avons jamais essayés. Ce n’est pas le cas. Ils ont déjà gagné deux fois les européennes, en 2014, et en 2019, ça n’a rien changé pour les Français.
C’est un mandat où on peut agir et faire bouger les lignes. Mais ça suppose d’être tous les jours au combat, pour mener les bras de fer nécessaires. Il ne faut pas des députés qui apparaissent tous les cinq ans comme ceux du RN et qui disparaissent après l’élection. Ils étaient les plus nombreux lors des cinq dernières années, et ils n’ont aucun bilan. Ils n’ont gagné aucune bataille parce qu’ils n’en ont mené aucune.
Un nouveau score décevant pour LR serait fatal ?
L’enjeu, ce n’est pas l’avenir d’un parti mais celui du pays. Et nous sommes la seule famille politique, quelles que soient les difficultés du présent, à pouvoir faire entendre la voix des Français au sein de la première force politique européenne.
Nombre d’observateurs estiment que la liste LR est celle d’un duo Ciotti-Wauquiez. Vous satisfait-elle ?
Oui. Nous avons la meilleure équipe, avec un vrai renouvellement : Céline Imart, n°2, agricultrice dans le Tarn, ou le général Christophe Gomart, n°3, ancien commandant des forces spéciales françaises. Et nous avons aussi l’expérience nécessaire dans la suite de la liste.