Face au regain de l’antisémitisme en France, le gouvernement tire la sonnette d’alarme. La ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a décidé de lancer des assises de l’antisémitisme, qui se sont tenues lundi à Paris. « À travers ces assises, j’ai décidé de créer un espace de dialogue » pour « donner la voix à celles et ceux qui subissent les conséquences concrètes des amalgames, des postures et des tentatives de récupération », a précisé celle qui a convié des responsables d’associations (SOS Racisme, Mrap, Licra, Crif, UEFJ…) et des représentants des six principaux cultes (catholique, protestant, orthodoxe, musulman, juif et bouddhiste) pour dialoguer et provoquer un « sursaut collectif ».
La rencontre a été l’occasion de présenter la dernière étude de l’AJC Paris en partenariat avec Fondapol et l’Ifop. L’enquête indique que, depuis l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre contre Israël, suivie par les bombardements intensifs du gouvernement de Benjamin Netanyahou sur Gaza, 86 % des Français de confession juive craignent d’être victimes d’actes antisémites. Près de 25 % d’entre eux affirment avoir subi depuis des moqueries, des agressions verbales ou physiques…
Jeunes et réseaux sociaux
L’enquête signale une augmentation de l’hostilité envers les juifs particulièrement présente chez les jeunes, au sein d’établissements scolaires et sur les réseaux sociaux.
En France, « stigmatiser et ostraciser toute une population comme si les juifs étaient responsables de la situation à Gaza sont des délits », ajoute avec raison la ministre. Tous les Israéliens n’ont pas le même avis, et au-delà tous les juifs non plus. La ministre avait également affirmé plus tôt que « chacun était libre de critiquer le gouvernement israélien et la politique qu’il mène. Cela n’a rien à voir avec la haine d’Israël et l’appel à la destruction d’Israël ». Un autre rappel utile, alors que militants de la paix et soutiens de la cause palestinienne sont de plus en plus taxés d’antisémitisme dans le débat public. La ministre a par contre affirmé que, « derrière “sale sioniste”, c’était bien une injure antisémite qu’il fallait entendre ».
Ne pas « opposer » lutte contre l’antisémitisme et lutte contre le racisme
Plusieurs représentants d’associations sur place ont insisté pour ne pas « opposer » lutte contre l’antisémitisme et lutte contre le racisme, estimant qu’il s’agit des deux faces d’un même fléau, plus que jamais à combattre. Le gouvernement a par ailleurs dit que des outils visant à améliorer les procédures contre l’antisémitisme avaient été fournis aux enquêteurs, que des formations de policiers et magistrats en lien avec la Licra avaient été généralisées et que la plateforme Pharos était en cours d’amélioration. À la suite de ces assises, un travail autour d’un manifeste sera mis en œuvre par Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris-VIII et membre de l’Institut universitaire de France.