Et si on changeait d’indicateur pour se rassurer sur notre usage des pesticides ? Tant pis pour les alertes des spécialistes sur la santé et les écosystèmes. « Le gouvernement change d’indice, de façon à nous faire croire que l’utilisation des pesticides a diminué », déplore Sylvie Colas, secrétaire nationale de la Confédération paysanne. C’est aussi, en substance, ce que les associations de défense de l’environnement dénoncent à l’annonce de la nouvelle version du plan Ecophyto, ce lundi 6 mai. Mis en sommeil en février par la crise agricole, le gouvernement réveille ses « objectifs de réduction des risques et des usages de produits phytopharmaceutiques », fixés à une diminution de moitié d’ici à 2030. Désormais, la période de référence est la moyenne des années 2011-2013, contre 2015-2017 auparavant.
Changement du mode de calcul
Pas de casse-tête : la mesure phare tient plus à un changement de calcul qu’à un changement de modèle de production qui serait plus vertueux et moins polluant. L’indicateur Nodu (nombre de doses unités) disparaît au profit de l’HRI 1 (Harmonised Risk Indicator). Le premier est obtenu à l’aide d’une division des quantités de substances actives par leur dose de référence. Le second en multipliant ces mêmes volumes par des « coefficients » censés refléter la dangerosité des pesticides. « Ce risque et cette potentielle dangerosité sont actuellement très mal évalués », tempère Anna Cohen, cheffe de projet agriculture et alimentation au sein de l’association France Nature environnement.
Des résultats trompeurs
Le Nodu omet donc la nocivité, tandis que l’autre ne prend pas en compte les doses d’application. « Le HRI 1 a un effet masquant sur la quantité. Ce changement n’est pas honnête et jette le trouble sur ce plan, estime Dominique Potier, député socialiste et rapporteur de la commission d’enquête sur le plan Ecophyto. Le gouvernement aurait pu commander un panel d’indicateurs complet et efficace. »
Ce dernier justifie l’utilisation de l’HRI 1 par le besoin de « cohérence » européenne et le fait d’« avoir, à terme, une comparaison effective avec les autres pays membres ». Ce qui, pour Sylvie Colas, de la Confédération paysanne, semble « scandaleux » et constitue « un nivellement par le bas des normes environnementales ». Cela dit, 250 millions d’euros seront dédiés à la recherche de solutions alternatives, à l’instar des produits de biocontrôle.
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