Il y en a pour tout le monde : les enfants, les parents, l’école… Le rapport d’expertise sur l’exposition des jeunes aux écrans, commandé en janvier par Emmanuel Macron, veut apporter une réponse globale. Trop rapide, trop intégrale, la progression d’Internet dans nos vies a bousculé les comportements sans laisser le temps de prévenir, voire d’envisager ses effets néfastes.
Après trois mois de travaux, le constat des dix spécialistes est sévère : hyperconnexion subie, conséquences sur la santé et le développement, stratégie de captation de l’attention mise en place par les sociétés du numérique pour contrôler les enfants, représentations sexistes et dangereuses. « Face à la marchandisation de nos enfants, la commission propose de reprendre le contrôle des écrans », déclare le collège d’experts en introduction de son recueil de 142 pages rendu public le 30 avril.
Après avoir rencontré 150 jeunes et auditionné un nombre tout aussi important de professionnels et de spécialistes, les auteurs du rapport intitulé « À la recherche du temps perdu » proposent 29 préconisations à prendre dans leur ensemble car elles font « système ».
29 préconisations « cohérentes et progressives » ?
Les propositions se veulent cohérentes et progressives. « Remettons l’outil numérique à sa place : jusqu’à au moins 6 ans, l’enfant n’a pas besoin d’écran pour se développer », a insisté la neurologue et coprésidente de la commission, Servane Mouton, lors de la présentation à l’Élysée. Les membres de la commission recommandent d’attendre l’âge de 11 ans pour confier un premier téléphone portable – et non 9 ans en moyenne actuellement – et qu’il ne soit pas connecté à Internet. L’accès au Web pourrait être autorisé à partir de 13 ans, mais à l’exclusion des réseaux sociaux, plus compatibles à partir de 15 ans.
Au-delà des interdictions, la commission entend responsabiliser les « acteurs économiques » en s’attaquant aux « conceptions addictogènes et enfermantes de certains services numériques pour les interdire et, ce faisant, rendre aux enfants et aux adolescents leur liberté et la possibilité de faire de véritables choix ». Elle dénonce l’évolution « de certains jeux vidéo vers des modèles de jeux d’argent faits de microtransactions ou de designs trompeurs ».
L’école doit aussi changer ses méthodes : sortir les écrans des maternelles et des crèches, ne pas actualiser en continu les applications comme Pronote pour permettre une meilleure déconnexion des collégiens et lycéens, éduquer et former au numérique tout au long de la scolarité, sans oublier d’« engager un état des lieux précis de la place du numérique dans la stratégie pédagogique et éducative actuelle ». Les parents doivent aussi être exemplaires dans leur attitude, et pouvoir se faire accompagner.
Ne pas culpabiliser mais informer et former, telles sont les intentions de la commission, qui rappelle la nécessité d’engager plus globalement un « projet politique et sociétal fort », au service des besoins et des droits des enfants, bien au-delà du numérique.