À Billom (Puy-de-Dôme), Léon Deffontaines et André Chassaigne mènent campagne en terrain rural. Les deux candidats communistes à l’élection européenne font salle comble dans cette petite ville voisine de Clermont-Ferrand, accueillis par le maire Jean-Michel Charlat. Avant leur prise de parole, la présidente du MODEF du Puy-de-Dôme, Angélique Thiallier, prend la défense d’une « agriculture familiale, rémunératrice ».
La secrétaire départementale du PCF du Cantal voisin, Aurélie Demoulin, dénonce « un train de nuit au rabais » dans son département et réclame « un matériel moderne et entretenu pour assurer la desserte quotidienne avec Paris ». Les deux candidats ont effectivement rendez-vous avec les préoccupations majeures de la ruralité.
« Si on passe les 5 %, on aura cinq députés à Strasbourg »
André Chassaigne, cinquième sur la liste conduite par Léon Deffontaines, est ici chez lui et bat le rappel des troupes militantes. « Il nous faut ces 5 % » prévient-il. « Ça demande de participer aux meetings, mais aussi un travail de corps à corps » assure le député de la circonscription aux quelque 500 personnes dans la salle. « Si on passe les 5 %, on aura cinq députés à Strasbourg ».
Des élus précieux selon lui, pour ne plus rester « dans le superficiel » sur les questions agricoles. « Nous sommes trompés par le gouvernement et par Bruxelles », dénonce André Chassaigne à propos de la crise agricole : « elle n’est pas résolue, il y a encore tout à faire ». « Ils essaient d’éteindre la révolte avec des muletas : des concessions sur les jachères, des allègements administratifs… mais ils ne vont pas à l’essentiel ».
Le député communiste de la circonscription liste les problèmes de fond. « La question environnementale », « les traités de libre-échange », la « disparition d’un million de vaches laitières tous les cinq ans… », le revenu des agriculteurs. Le « référent Politique agricole commune » de l’Assemblée nationale se montre déterminé : « nous devons faire bouger les lignes au parlement européen ».
« Les macronistes votent contre les intérêts des Français »
Léon Deffontaines enfonce le clou après lui. Il prononce son discours sur une terre qui a largement voté non au TCE en 2005, rappelle-t-il, avec l’objectif d’incarner cette gauche antilibérale le 9 juin. Il s’adresse lui aussi aux agriculteurs. « Tous les jours, nous achetons le produit de leur travail ». « Pour qu’ils soient mieux rémunérés, il faut augmenter les salaires et les pensions », revendique la tête de liste, qui dénonce également les marges écrasant les revenus des agriculteurs.
Il tacle au passage la tête de liste macroniste, Valérie Hayer, qui « au moment de la crise agricole, a voté en faveur d’un accord de libre-échange avec le Chili ». « Systématiquement, les députés européens macronistes votent contre les intérêts des Français », accuse-t-il. Quant au président de la République, il est pointé du doigt par le candidat communiste pour empêcher un vote de l’Assemblée nationale sur le CETA, accord de libre-échange avec le Canada, rejeté par le Sénat en mars dernier.
Face aux problèmes rencontrés par les territoires ruraux, Léon Deffontaines croit que l’Europe, selon un modèle de coopération, peut être un levier pour « développer les services publics ». À condition que changent les rapports de force au Parlement européen où se joue un véritable travail parlementaire selon lui.
« Il nous reste moins de cinquante jours », rappelle donc Léon Deffontaines aux cinq cents personnes venues l’écouter à Billom. « Beaucoup trop de Français ne sont même pas au courant qu’il y a une élection européenne le 9 juin. Il nous faut aller les voir, et les convaincre un par un ». Un appel qui semblait bien reçu à l’issue de cette soirée en Auvergne.