Comme toujours, Gérald Darmanin sacrifie la complexité des enjeux au profit de mesures simplistes, entièrement axées sur la répression. Après l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, le ministre de l’Intérieur s’est dit « favorable » à la généralisation du couvre-feu pour les mineurs dans plusieurs villes françaises.
Jugeant « qu’il n’est pas normal que des enfants, des adolescents, des mineurs soient dans la rue à minuit, une heure, deux heures du matin » alors qu’ils « doivent être chez eux, dormir, aller le lendemain à l’école », l’ancien sarkozyste a déclaré sur France 3 : « Lorsqu’il y a ce genre de choses [des violences]je suis favorable au couvre-feu qui touche les mineurs ». Le 17 avril, le ministre avait ordonné un couvre-feu à Pointe-à-Pitre pendant deux mois à partir de 20 heures pour tous les mineurs afin de lutter contre la délinquance.
Cette décision a inspiré le maire d’extrême droite Robert Ménard, à l’initiative d’un couvre-feu dans trois quartiers prioritaires de Béziers (Hérault) depuis le 22 avril. Dans cette ville, les enfants de moins de 13 ans doivent désormais rester chez eux de 23 heures à six heures du matin jusqu’au 30 septembre. Après Béziers, c’est au tour de Nice d’interdire administrativement aux plus jeunes de sortir la nuit.
Le maire de Nice, Christian Estrosi (Horizons, ex-LR), précise que si un enfant est « retrouvé seul la nuit », il demandera désormais au procureur « de procéder à un rappel à l’ordre ». « En cas de récidive, je souhaite pouvoir les convoquer à un stage de parentalité obligatoire », prévient-il.
Une mise en scène de la lutte contre l’insécurité
Pour Gérald Darmanin, les édiles qui imposent de telles mesures à des enfants « sont des gens tout à fait raisonnables ». « J’ai entendu ce que disait le maire de Béziers. Moi, je veux dire que je soutiens ces initiatives, même si évidemment ce n’est pas à l’État de se substituer à tous les territoires et à toutes les communes », a ajouté le ministre de l’intérieur. Ce dernier n’a pas dit un mot, en revanche, sur les moyens alloués à l’éducation prioritaire, la médiation de terrain, le rôle des associations de quartier…
Loin de ces préoccupations, les maires de droite optant pour le couvre-feu veulent mettre en scène leur détermination à lutter contre l’insécurité. Mais, pour la présidente de la fédération héraultaise de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), Sophie Mazas, l’arrêté du maire de Béziers ne réglera rien à la violence des mineurs.
À ses yeux, Robert Ménard défend « une vision simpliste, selon laquelle il suffirait d’enfermer parents et enfants pour retrouver le calme ». « Cela permet de faire de la communication, au moment des élections européennes. Et si un recours n’est pas fait ou prend du temps, ça permet [à Robert Ménard] d’avoir un pouvoir de police qui s’applique, car il va pouvoir mettre des contraventions, en application de cet arrêté », ajoute la responsable associative. Avec d’autres organisations, la LDH appelle à une marche, ce samedi à 14 heures, au départ de la Place de la République, à Paris, pour défendre les droits des mineurs, aujourd’hui menacés en France.