« Aujourd’hui, nous ne faisons pas face à une menace caractérisée, donc nous restons sur le plan A. » Ce jeudi 25 avril, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, entouré du préfet de région Marc Guillaume, de la maire de Paris Anne Hidalgo et du président du Comité d’organisation de Paris 2024 Tony Estanguet, a présenté les dispositifs de « sécurisation de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques », prévue le 26 juillet prochain sur la Seine.
Ce spectacle inédit dans l’histoire des Jeux doit se dérouler sur les 6 kilomètres séparant le pont d’Austerlitz du pont de Iéna, avec un final prévu au Trocadéro. Il verra défiler quelque 10 500 athlètes, sur 94 bateaux, devant 326 000 spectateurs, dont les deux tiers doivent être accueillis sur invitation, sur les quais hauts du fleuve.
« L’État ne peut se satisfaire de l’ampleur de ces défaillances »
Un défi logistique et technique, qui a suscité de nombreuses inquiétudes, en particulier sur la sécurité de l’événement. Emmanuel Macron lui-même avait évoqué, le 15 avril dernier, sur BFMTV, l’existence de « plans B (au Trocadéro) et C (au Stade de France) », qui seraient activés « si on pense qu’il y a des risques, en fonction de l’analyse qu’on fera du contexte ».
Si le préfet de police s’est dit « confiant, à quelques semaines de l’échéance » sur la possibilité d’organiser comme prévu l’événement sur la Seine, la révélation, mercredi 24 avril, par le journal Le Monde, du compte rendu d’une réunion du comité interministériel des JOP a jeté un voile beaucoup plus sombre sur l’état de préparation du volet « sécurité privé » dépendant du comité d’organisation.
Le document pointerait « des marchés publics non attribués, un défaut de prévision, une absence de solution alternative » et préconiserait tout bonnement que l’État reprenne la main pour assurer toute la sécurité de la cérémonie d’ouverture, lui qui a déjà prévu de déployer 45 000 membres de la police nationale et de la gendarmerie, ce 26 juillet, autour du périmètre de l’événement. « L’État ne peut se satisfaire de l’ampleur de ces défaillances », menacerait le compte rendu.
« 98 % de nos besoins en termes de sécurité privée sont pourvus »
« Je ne confirme pas ces informations, a répliqué Laurent Nuñez jeudi. Le Cojo avance dans ses recrutements (d’agents de sécurité privée – NDLR) et nous restons sur ce qui était prévu au départ, avec une mobilisation complémentaire de 1 000 policiers municipaux parisiens. »
Le préfet de police a toutefois rappelé qu’ « il y a toujours un continuum entre sécurité privée et sécurité publique. Quand nous intervenons au Parc des Princes, par exemple, s’il y a des problèmes avec des supporters, il nous arrive de prendre la main pour sécuriser une zone. » Manière de dire que l’hypothèse est donc bien sur la table.
S’il a rappelé que la filière sécurité privée était « sous tension avant même les JO », le patron du Cojo Tony Estanguet a nié tout problème dans les recrutements. « À 92 jours de la cérémonie, nous avons pourvu contractuellement 98 % de nos besoins en sécurité privée pour ces Jeux. Un tel niveau de réponse est inédit. On continue à travailler sur les 2 % restants. Il y a eu quatre vagues d’appels d’offres. On va dépasser ces 98 %, des entreprises sont en train de se positionner », assure l’ancien champion olympique de canoë.
Un double périmètre de sécurité, en place dès le 18 juillet
Sur les restrictions de déplacement liées à la préparation et à la tenue de la cérémonie d’ouverture, le préfet Laurent Nuñez a aussi précisé jeudi 25 avril qu’un périmètre de protection antiterroriste serait mis en place, dès le 18 juillet, comprenant tous les immeubles situés en bord de Seine.
Toute personne qui réside dans ce périmètre ou voudra y entrer, en voiture ou à pied, devra s’enregistrer sur une plateforme numérique, dont l’ouverture est prévue le 10 mai, et sera soumise à une enquête administrative de sécurité. « Les spectateurs ne seront pas concernés par ces enquêtes », a précisé le préfet de police.
Un deuxième périmètre, plus large, sera aussi mis en place, pour interdire la circulation motorisée, avec des dérogations possibles pour les riverains ou les livreurs. Dans ce cas, pas d’inscription préalable, le tri se fera « de façon souple, au niveau des barrages de police », a indiqué Laurent Nuñez. Une souplesse qui prendra fin le 26 juillet à 13 heures. Seuls les organisateurs pourront alors circuler dans cette zone.