« Jusqu’où ira le recul des droits et des libertés en France ? » interroge Nathalie Godard, lors de la présentation du rapport 2023 d’Amnesty International, mardi 23 avril. « Depuis 2015 et les attentats terroristes en France, l’impératif sécuritaire justifie des atteintes toujours plus fortes aux libertés individuelles et collectives », s’inquiète la directrice de l’action de l’ONG.
Cela s’est traduit, l’année dernière, par des interdictions de rassemblements (mouvement contre la réforme des retraites, les méga-bassines, les violences policières, ou pour les droits des Palestiniens, etc.) et un usage disproportionné de la force lors de manifestations entraînant des mutilations graves.
« Point de bascule vers la remise en cause de l’État de droit »
Des restrictions qui continuent d’aller bon train en 2024. « Ces dernières semaines, les restrictions aux formes d’expression en soutien aux Palestinien·nes se sont multipliées en France. Interdiction ou annulation d’évènements publics, accusations d’”apologie du terrorisme ‘‘, critiquer la politique de l’État d’Israël devient difficile », a ainsi dénoncé l’ONG sur son compte X (ex-Twitter), estimant notamment que « les arrestations et les poursuites fondées sur des motifs aussi vagues, tels que l’ « apologie du terrorisme », violent le droit à la liberté d’expression et créent un effet dissuasif ».
Lors de la présentation du rapport, la représentante d’Amnesty International a également pointé le vote d’une loi immigration « discriminatoire et xénophobe », l’expulsion vers Haïti, le Soudan, l’Afghanistan ou la Syrie de ressortissants de ces pays où leur vie est explicitement menacée qui traduisent « l’idée d’un continuum implicite entre nationalité étrangère, délinquance et terrorisme ». « On s’approche d’un point de bascule vers la remise en cause de l’État de droit », a-t-elle mis en garde.
La vidéosurveillance algorithmique mise en place à l’occasion des jeux Olympiques de Paris 2024 pourrait accélérer le processus. « La France est le premier pays européen à franchir le cap de la collecte massive d’informations biométriques », pointe Katia Roux, chargée de plaidoyer sur la surveillance numérique chez Amnesty International. Le risque ? Dissuader les citoyens d’exercer leurs droits, comme celui de manifester.