Les offres d’emploi lancées à tours de bras sur France Travail durant ces dernières semaines n’auront pas fait l’affaire. Il manquera bel et bien des agents de sécurité privés pendant les Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Alors que le plan Vigipirate est à son degré maximal d’alerte attentat, la nouvelle place l’exécutif dans un état de panique, selon une révélation du Monde.
En témoigne le compte rendu de la réunion du comité ministériel des JOP, organisée lundi 15 avril, que le quotidien a pu consulter. « L’État ne peut se satisfaire de l’ampleur de ces défaillances » liées à la sécurisation des lieux officiels, peut-on y lire.
Et le quotidien de citer les nombreux griefs adressés au Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP), dont le défaut d’anticipation et le manque de propositions alternatives ne sont pas des moindres. Au point que l’État s’apprêterait à pallier cette pénurie en faisant appel aux gendarmes et aux policiers pour assurer la sécurisation des lieux.
Des courriers en ce sens auraient été adressés aux organisations syndicales. « Pour environ huit journées, policiers et gendarmes remplaceraient les agents de sécurité privée initialement chargés d’assurer la gestion des sites officiels de l’événement et, notamment, les quais bas de la Seine, où sont attendus 104 000 des 326 000 spectateurs le long des six kilomètres de parade fluviale le 26 juillet, date de la cérémonie d’ouverture », assure Le Monde.
« Racler les fonds de tiroirs »
Un scénario catastrophe qui ne surprend pas les syndicats, dont la CGT. « Comment voulez-vous qu’ils recrutent avec les salaires indécents proposés ? Cela fait des années qu’on alerte en vain sur les conditions de travail dans ce métier », abonde Amar Lagha, le secrétaire général de la Fédération CGT Commerce et Services, qui pointe une démarche visant « à racler les fonds de tiroir », y compris parmi des agents retraités, et ces recrutements menés dans l’urgence, au mépris de la centaine d’heures de formation et des qualifications nécessaires pour maîtriser les exigences d’un métier que l’exécutif serait en train « de brader ».
Une démarche extrêmement risquée selon Amar Lagha, alors que la période des JO nécessiterait au contraire des personnes aguerries. Le syndicaliste pointe également les incohérences d’un gouvernement « irresponsable et pyromane » qui aurait décidé, il y a quelques années de satisfaire les exigences de l’extrême droite, en imposant une condition de durée de cinq ans de résidence sur le territoire français pour obtenir la carte professionnelle. Or, les candidats issus du Maghreb et d’Afrique seraient particulièrement représentés dans la profession, qui a ainsi perdu un précieux vivier.
« Les mêmes qui ont imposé ces restrictions sont aujourd’hui en train de faire sauter le statut même des agents de sécurité pour recruter à tout prix. Voilà où on en est aujourd’hui », assène le syndicaliste.