Le réchauffement climatique a déjà un impact sérieux sur la sécurité et la santé des travailleurs dans toutes les régions du monde. C’est la conclusion du dernier rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié lundi 22 avril. Ainsi, le document, intitulé « Assurer la sécurité et la santé au travail à l’heure du réchauffement climatique » estime que celui-ci « crée des risques sanitaires graves » pour 70 % des travailleurs dans le monde. L’organisation rappelle que les travailleurs sont souvent les premiers exposés aux phénomènes météorologiques extrêmes, comme les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les incendies de forêt, les sécheresses ou encore les cyclones tropicaux, et ce plus longtemps et plus intensément que la population générale.
2,4 milliards de travailleurs exposés à une chaleur excessive
Le rapport établi six risques du réchauffement climatique sur la sécurité et la santé au travail : la chaleur excessive, le rayonnement ultraviolet, les phénomènes météorologiques extrêmes, la pollution de l’air sur le lieu de travail, les maladies à transmission vectorielle et l’utilisation des produits agrochimiques. Pour chacune de ces catégories, le rapport présente des exemples de travailleurs exposés, leur nombre dans le monde, les principaux impacts sur la santé et les préconisations de l’OIT pour prévenir ces risques.
Ainsi, l’organisation estime que plus de 2,4 milliards de travailleurs (sur une main-d’œuvre mondiale de 3,4 milliards) sont susceptibles d’être exposés à une chaleur excessive à un moment ou à un autre de leur travail. Cela concerne par exemple l’agriculture, la gestion des ressources naturelles, la construction, la collecte des déchets, le transport, le tourisme ou encore le sport. Pour cette seule catégorie, l’OIT comptabilise 22,85 millions d’accidents du travail et 18 970 décès.
L’impact du réchauffement climatique va bien au-delà de l’exposition à une chaleur excessive, indique le rapport. 1,6 milliard de travailleurs sont par exemple exposés aux rayons UV, avec plus de 18 960 décès liés au travail chaque année en raison d’un cancer de la peau sans mélanome. 1,6 milliard de personnes sont susceptibles d’être exposées à la pollution de l’air sur leur lieu de travail, entraînant chaque année jusqu’à 860 000 décès liés au travail parmi les travailleurs en extérieur. Plus de 870 millions de travailleurs agricoles sont susceptibles d’être exposés aux pesticides, avec plus de 300 000 décès attribués à l’empoisonnement par ceux-ci chaque année.
« Il est essentiel que nous tenions compte de ces avertissements », a déclaré Manal Azzi, responsable de l’équipe sécurité et de santé au travail (SST) à l’OIT. « Les considérations en matière de sécurité et santé au travail doivent faire partie intégrante de nos réponses au réchauffement climatique, qu’il s’agisse de politiques ou d’actions (…). Nous devons respecter cet engagement dans le cadre du réchauffement climatique, comme dans tous les autres aspects du travail », plaide le responsable de l’OIT. L’organisation constate que la base de connaissances scientifiques est « extrêmement limitée » dans de nombreux domaines cruciaux, et appelle à ce que des recherches « exhaustives de haute qualité » soient menées pour ensuite développer des mesures efficaces. Les mesures existantes en matière de sécurité et de santé au travail peinent à faire face aux risques qui résultent du réchauffement climatique, estime l’OIT.