Comment faire taire les insoumis ? Cette question, les macronistes se la posent souvent. Violette Spillebout a trouvé un début de réponse : en interdisant leurs prises de paroles dans les facs, pour commencer. Ce lundi 15 avril, la députée Renaissance du Nord a publié sur X un appel à « l’annulation [d’une] conférence de propagande ».
À savoir, une conférence de Jean-Luc Mélenchon et de Rima Hassan, candidats FI aux élections européennes, pour aborder « l’actualité en Palestine », prévue ce jeudi 18 avril à l’université de Lille. « Ce n’est pas avec ceux qui représentent l’antisémitisme le plus violent et la volonté de destruction d’Israël que les débats progresseront vers la paix », a-t-elle poursuivi, tout en mesure.
Et elle a obtenu gain de cause, l’université de Lille ayant annoncé, ce mercredi 17 avril, l’annulation de cette conférence qui devait se tenir demain.
« L’escalade militaire, intervenue le 13 et 14 avril au Moyen-Orient, a provoqué une montée des tensions internationales (…). Ces tensions se répercutent à l’échelle locale, tout comme à l’université. Cette évolution inquiétante amène la présidence de l’université de Lille à considérer que les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats et a décidé de ne plus autoriser la tenue en ses murs la conférence de M. Mélenchon et de Mme Hassan, prévue ce jeudi 18 avril », a justifié l’université dans un communiqué, tout en regrettant « cette pression exercée sur l’autonomie pédagogique et scientifique des établissements d’enseignement supérieur ».
Des pressions qui avaient fait bondir de nombreux parlementaires insoumis. « Ici, c’est la France. Pays de la liberté, notamment celle de l’expression », avait réagi Antoine Léaument, député de l’Essonne. « Rien ne justifierait l’interdiction de cette conférence, a surenchéri Ugo Bernalicis, son homologue du Nord. Mais est-on vraiment surpris par cette demande ? Depuis les gilets jaunes éborgnés, les manifestations contre la réforme des retraites réprimées et les violences à Sainte-Soline, tout le monde a compris que les macronistes avaient un problème avec la démocratie ».
Une organisation « dans les règles » assure LFI
L’appel de Renaissance a été notamment relayé par Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, ciblant un détail bien précis de l’affiche : « Nous ne pouvons tolérer, dans une université française, une telle conférence de la France insoumise qui, à travers le logo « Libre Palestine », nie l’existence de l’État d’Israël ».
Derrière ce « logo » se cache une simple association étudiante locale « agréée par l’université », plaident les Jeunes insoumis locaux. Il s’agit plus précisément d’une structure « dédiée à l’éveil des consciences et à l’action solidaire au sein de l’Université de Lille en soutien des palestinien (ne) s : organiser débats et conférences, informer et sensibiliser et récolter des dons pour les palestinien (ne) s », comme Libre Palestine se présente sur son site.
« C’est une liberté académique, pour les associations, que de pouvoir organiser des conférences politiques, se défend Tomas Kebbati, co-animateur des Jeunes insoumis de Lille. L’université a validé la conférence, nous avons eu une confirmation écrite, tout est dans les règles. Ils veulent simplement empêcher tout débat sur la situation à Gaza ».
Annulation pour « raisons de sécurité » à Rennes 2 et Sciences Po Bordeaux
Ces dernières semaines, d’autres interventions de personnalités insoumises en milieu universitaire ont été annulées. C’est le cas à l’université Rennes 2, où Jean-Luc Mélenchon devait prendre la parole avec Emma Fourreau, candidate aux européennes en neuvième position, et à Sciences Po Bordeaux, où Rima Hassan était invitée à s’exprimer sur le carnage en cours à Gaza.
Dans le premier cas, l’université a déclaré avoir été destinataire d’un « mail de menace », créant un risque de sécurité confirmé par la préfecture. Dans le second, l’établissement a évoqué la « procédure hors délai » menée par les étudiants à l’initiative de l’événement. Ce qui rendait impossible la « mise en place de dispositifs de sécurité spécifiques et importants ». Lille a donc également fini par céder à ces pressions politiques.