La dette publique dépasse désormais les 3 000 milliards d’euros. Selon la Cour des comptes, elle augmenterait de 120 milliards d’euros cette année, représentant 109,7 % du PIB. Le montant de la dette peut paraître important. On évoque souvent le chiffre de 45 000 euros par habitant ce qui ne veut pas dire grand-chose car la contrepartie est représentée par une masse d’actifs, matériels comme les routes, les bâtiments publics, les équipements collectifs, et immatériels comme le niveau de compétence de la main-d’œuvre, le potentiel de recherche, le niveau de santé de la population… L’État français, pas plus que la France n’est en faillite !
Économiquement on peut considérer que l’État s’est endetté pour compenser l’insuffisance de la demande adressée à l’économie du fait de la déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment des salariés. Les pouvoirs publics ont ainsi dû, continuellement, soutenir l’activité pour éviter de graves récessions. Ce mode de croissance est désormais à bout de souffle.
La politique d’austérité est-elle une bonne réponse ?
Évidemment non comme l’ont montré tous les exemples historiques, le dernier étant celui de la Grèce. Mais les principaux acteurs paraissent prêts à rejouer la grande erreur des années 1930, marquées par une crise financière provoquée par une politique de coupes claires dans les budgets et un tour de vis fiscal prématuré. Ces mesures prolongèrent la Grande Dépression de 1929. Les appels actuels à réduire drastiquement les déficits d’ici 2027 rendent malheureusement plausible la perspective d’une déflation. Va-t-on une nouvelle fois choisir la pire des politiques ?
Après chaque secousse les gouvernants tentent de nous convaincre que l’on a évité la catastrophe… jusqu’au prochain ébranlement, d’autant plus prévisible que l’on continue sur la même voie. Les conséquences sur l’emploi, le pouvoir d’achat et la protection sociale seront cette fois-ci terribles.
Quelles pistes de solutions pour s’en sortir ?
La France doit redresser sa situation financière. Mais pas n’importe comment. Il faut pouvoir s’affranchir progressivement de la tutelle des marchés financiers.
Le vrai problème, c’est le coût de cette dette, c’est-à-dire ce qui doit être prélevé chaque année sur le budget pour régler les intérêts dus aux créanciers. Le coût de la dette équivaut pratiquement aux recettes de l’impôt sur le revenu. Le problème s’est compliqué depuis 25 ans pour 3 raisons. Tout d’abord en raison d’un accroissement des emprunts dû, non à une dérive des dépenses mais à la stagnation des recettes et à l’augmentation consécutive des déficits. En second lieu parce que le taux d’intérêt réel est devenu positif. Les taux d’intérêt sur la dette sont devenus supérieurs à la croissance du PIB. Enfin, parce qu’a été décidée à la fin des années quatre-vingt l’internationalisation du placement des titres de la dette. Les deux tiers de la dette publique sont détenus par des créanciers étrangers. Parmi ses créanciers étrangers parmi lesquels l’Italie, les Pays-Bas, le Japon, le Royaume-Uni…
La question est donc celle de la croissance. Il ne faut pas la brider par des coupes claires dans les budgets publics mais au contraire la soutenir par une série de mesures structurelles. S’il faut parler de réformes à opérer il ne s’agit pas d’accepter celles que l’on veut une fois de plus appliquer au marché du travail, mais de donner la priorité à celles qui concernent la politique industrielle et l’emploi, les choix de gestion des entreprises, le rôle des banques et la création d’un pôle public bancaire, la réforme de la fiscalité ou la situation de la jeunesse.
La mise en place d’une politique coordonnée pour la zone euro peut être la pire des choses s’il s’agit de généraliser l’austérité. Ce peut-être un levier si l’on se met d’accord sur une politique de développement solidaire. Ce sont ces réformes bien comprises, à mener de concert en Europe qui doivent l’emporter sur le culte actuel des plans d’austérité qui nous conduit collectivement au précipice.