Mieux vaut ne pas être pressé pour pénétrer en voiture dans la cité des Rosiers, au cœur du 14e arrondissement de Marseille. La route est, comme dans beaucoup de quartiers rongés par le trafic de stupéfiant, jonchée de toutes sortes de débris minutieusement disposés pour freiner les véhicules policiers en cas de descente surprise.
« C’est ici le charbon ? » lance Thomas 1 à cinq minots à peine majeurs posés sous le passage d’un immeuble de la copropriété de 750 logements à la façade délavée. Après avoir acquiescé, le groupe, à l’affût, s’engouffre avec son client dans le hall d’une tour de la résidence vétuste, où un autre jeune homme lui fournit son pochon de shit moyennant 10 euros.
« On sent que le réseau est déstabilisé, moins organisé que d’habitude, que les barrages sont moins visibles », constate le consommateur, familier du quartier mais tout de même dérangé par la présence policière accrue dans les alentours. Depuis un mois, les interventions « coups de poing » se sont multipliées dans la continuité d’une stratégie nationale, « Place nette XXL », lancée en octobre 2023 par Gérald Darmanin.
Les contours de ce dispositif avaient été dévoilés, le 19 mars, alors qu’Emmanuel Macron se rendait dans sa « ville de cœur » pour une visite surprise, rejoignant le ministre de l’Intérieur, le garde des Sceaux et la secrétaire d’État chargée de la Ville, et ancienne députée de Marseille.
C’est à la Castellane, une cité connue pour abriter d’importants points de deal, que le président, flanqué de ses ministres mutiques, annonçait devant une cohorte de journalistes un nouveau coup de filet courant sur trois semaines dans une dizaine de quartiers de la cité phocéenne.