Qui décide ? Qui exécute ? Ces derniers jours, on ne retrouvait plus la hiérarchie établie en son temps par Jacques Chirac dans une formule célèbre à l’adresse de son ministre Nicolas Sarkozy (« Je décide, il exécute. »). En appelant à des coupes toujours plus sévères dans les dépenses publiques, Bruno Le Maire donnait l’impression de tenir les rênes du gouvernement à la place de Gabriel Attal. Il s’est fait recadrer par Emmanuel Macron, qui assure que le problème de la France est celui de l’insuffisance des recettes fiscales, et non celui des dépenses. Bercy voudrait une loi de finances rectificative ; l’Élysée s’y oppose. Trop risqué pour Gabriel Attal, minoritaire à l’Assemblée.
Si jamais le président de la République dit juste, alors le problème est plus profond qu’il ne le laisse entendre. Car cela revient à reconnaître l’échec de sa politique économique et fiscale sur le front de l’activité et de l’emploi, qui fournissent impôts et cotisations. Pendant ce temps, tout ce beau monde cherche 10 milliards d’euros, non, désormais 20 milliards à économiser cette année, et encore 20 de plus l’an prochain pour ne pas aggraver le déficit public dégradé à 5,1 % du PIB en 2024 et à 4,1 % en 2025. Loin des 3 % promis pour 2027. Et cette valse de revirements (de tromperies ?) dans les prévisions ne mériterait pas de passer par une loi de finances devant le Parlement, comme le demandent les députés communistes ?
Tandis que la cacophonie s’installait au sommet de l’État et dans la minorité gouvernementale, et que la droite qui se dit de droite crie au plan caché d’impôts à venir après les européennes, on en aurait oublié le pacte qui lie le trio au pouvoir. Les finances publiques peuvent virer au rouge, pas question de toucher au grisbi des riches, si ce n’est à la marge. On taxera légèrement les rachats d’actions et quelques superprofits. Rien de pérenne. Le reste sera pris sur les dépenses sociales : maladie, chômage… et sur les collectivités locales. Une partie de leurs troupes peut bien trouver la pilule amère, Attal, Macron et Le Maire sont d’accord sur le fond. Seuls la méthode et les calculs personnels les différencient.