« Une guerre psychologique » contre les trafiquants. Voilà ce qu’a défendu Gérald Darmanin, au Sénat, devant la commission d’enquête sur le narcotrafic, ce 10 avril. Interrogé sur son bilan en la matière, le ministre de l’Intérieur se félicite de l’augmentation des contrôles de consommateurs et de l’emprisonnement des petits dealers : « Sur un an, 2 372 ont été envoyés en prison directement, sans passer par la case du jugement, c’est-à-dire qu’on montre une efficacité, y compris de réponse pénale. »
Concernant le dossier spécifique de Marseille, sur lequel le gouvernement communique en priorité, Gérald Darmanin insiste sur la « présence 24 heures sur 24 » des policiers au quartier de la Castellane, portant ainsi un coup à l’économie directe des trafiquants sur place. Toucher le trafic au portefeuille est l’un des objectifs, répète Gérald Darmanin, dans la continuité des propos de Bruno Le Maire, lors de son audition par cette même commission.
Le ministre de l’Économie avait plaidé pour que l’Urssaf réalise davantage de contrôles des commerces soupçonnés de blanchiment. « Mon sujet à moi, c’est : comment je casse ce modèle économique ? » avait-il pointé. S’il s’attaque à l’offre de drogue, Gérald Darmanin a eu aussi un mot pour la demande, c’est-à-dire les consommateurs. Selon lui, les CSP + sont les plus importants consommateurs de cannabis, et ils s’approvisionnent « à la cité Pablo Picasso. »
Le point Al Capone
Arrêter les petites mains du trafic au lieu de viser les gros poissons qui l’organisent et en tirent l’essentiel des profits, est-ce bien efficace ? À cette question, l’ancien maire de Tourcoing ironise : « C’est sûr que si l’on veut une enquête absolument parfaite qui permet d’avoir l’ensemble du réseau, les gens peuvent attendre extrêmement longtemps. Moi, mon travail, c’est qu’il n’y ait pas de points de deal. »
Le gouvernement favorise-t-il la rapidité au détriment de la qualité ? Le ministre met en avant l’urgence d’agir pour éviter de nouveaux morts. Malgré les opérations en cours, à Marseille, un homme a été tué par balles dans la nuit du 7 au 8 avril, dans un nouveau cas de « narchomicide », selon le parquet de la ville. Gérald Darmanin, qui devrait se rendre dans la cité phocéenne la semaine prochaine, assure toutefois s’attaquer aussi aux têtes de réseaux, en réclamant notamment aux magistrats des enquêtes fiscales, ajoutées aux dossiers pour trafics de stupéfiants. « Al Capone, il tombe par son comptable », souligne-t-il, en référence au bandit américain emblématique de la Prohibition.