Avis de Alice Wairimu Nderitu (Les Nations Unies)mardi 09 avril 2024Inter Press Service
NATIONS UNIES, 09 avr (IPS) – Il ne faut jamais perdre de vue que pour les personnes qui ont vécu le génocide, les signes avant-coureurs étaient là. Le génocide est un processus. Cela nécessite une préparation et des capacités pour le réaliser.
Le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, au cours duquel des Hutus et d’autres opposants ont également été tués, a été rendu possible grâce à des décennies de stigmatisation, de marginalisation et de discrimination, aggravées par des discours de haine contre les Tutsis.
Les Tutsi ont été déshumanisés, appelés « inyenzi » – cafards – pour s’assurer que lorsque l’appel à tuer et à exterminer serait lancé, il serait entendu. Cet appel, alimenté par la déshumanisation, a permis aux tailleurs, cordonniers, agriculteurs, enseignants, prêtres – des gens ordinaires – de tuer des hommes, des femmes, des personnes âgées et des enfants non armés.
Des gens dont le seul crime était l’identité qu’ils détenaient.
D’autres ont choisi de nier que le génocide ait eu lieu. La négation ou la déformation des faits du génocide contre les Tutsi au Rwanda, sous forme de discours de haine ou non, constitue un indicateur de risque de commission de génocide.
Négationnistes du génocide
Bien que le Tribunal pénal international pour le Rwanda ait prouvé à plusieurs reprises et de manière concluante, au cours de longues procédures judiciaires et en appliquant les normes internationales de procès équitable et la norme de la preuve au-delà de tout doute raisonnable, que le génocide contre les Tutsi au Rwanda a eu lieu, les révisionnistes et les négationnistes du génocide continuent d’ignorer les procédures judiciaires. les décisions.
Ces tendances sont particulièrement inquiétantes alors que nous célébrons la 30ème commémoration du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Ce temps devrait être consacré à honorer et à commémorer les victimes, à se souvenir et à tirer les leçons du passé.
Nous sommes plutôt confrontés au défi de faire face aux tendances croissantes de déni et de distorsion de ces tragédies.
Les discours de haine, notamment sur les réseaux sociaux, contribuent à propager et à amplifier le déni à un rythme alarmant. La négation du génocide a un impact direct sur les victimes qui sont à nouveau traumatisées et confrontées au fardeau de devoir justifier et expliquer les crimes qu’elles ont subis, bien que les tribunaux aient déterminé de manière concluante que les crimes ont eu lieu.
Le déni a de graves conséquences néfastes sur la guérison et la réconciliation. J’ai vu cela trop souvent. Les victimes comprennent très bien que la négation du génocide fait référence au passé, mais que son impact se fait sentir dans le présent et se fera sentir dans le futur. Ils ne veulent pas que les jeunes générations vivent ce qu’elles ont vécu.
L’histoire du Rwanda au cours des 30 dernières années est une histoire d’apprentissage profond et de leçons tirées du passé pour garantir que les générations futures ne connaissent pas les mêmes horreurs.
Il faut toujours se souvenir de ceux dont la vie et l’avenir ont été enlevés. Il y a une douleur éternelle à se souvenir, mais il y a aussi de la force.
Il faut faire preuve de détermination pour garantir que les leçons tirées du Rwanda soient véritablement apprises, que les facteurs de risque soient atténués rapidement et que les populations soient protégées contre un autre génocide. Cette détermination et ces efforts restent essentiels.
C’est pourquoi Kwibuka30 est particulièrement important aujourd’hui : pour nous rappeler notre obligation d’apprendre, de prévenir, d’agir. Ceci est particulièrement important pour ceux dont la vie a été emportée lors du génocide contre les Tutsi au Rwanda, et pour tous ceux qui sont aujourd’hui en danger dans le monde.
Alice Wairimu Nderitu est secrétaire générale adjointe de l’ONU et conseillère spéciale pour la prévention du génocide auprès du secrétaire général de l’ONU.
Source : Afrique Renouveau, Nations Unies
IPS UN Bureau
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