Opposé à la mise en place d’une filière CSR (combustible solide de récupération), servant à incinérer les déchets non-triés, François Vasquez, vice-président à la gestion des déchets, a perdu sa délégation au profit de René Revol. Un même sort attend prochainement Coralie Mantion, vice-présidente à l’aménagement durable du territoire, qui a voté contre le budget et la filière CSR.
Le conseil de métropole du mardi 2 avril 2024 marquera un tournant dans la vie de la majorité, qui a perdu deux éléments majeurs. Cette réunion, marquée par l’absence du président Michaël Delafosse, qui a récemment déploré le décès son père, était présidée par Renaud Calvat, premier vice-président.
Cette réunion était la dernière pour François Vasquez en tant que vice-président délégué à la gestion des déchets. Son non-maintien à cette fonction et le nom de son successeur figuraient au 86e et au 87e point de ce conseil qui en comptait 90. Il s’agit de rené Revol, qui était déjà en charge de la délégation de l’eau.
Le vote du budget et des taux d’imposition, en début de conseil, ont été l’occasion pour François Vasquez de stigmatiser “l’absence de mise en place de la politique (sur les déchets) votée à l’unanimité de la Métropole. On ne peut pas se faire élire sur une stratégie zéro déchet et imposer un incinérateur aux deux tiers du mandat. Je suis resté sans directeur de service pendant un an, et aucun poste n’a été créé pendant un an et demi, malgré un contexte d’urgence. Vous parlez de 170 points d’apport volontaire mis en place mais c’est ridicule. 2 000 étaient prévus et auraient déjà dû être en service.”
“J’ai conscience que cette responsabilité qui me tombe dessus est lourde et je tiens à saluer le travail de M. Vasquez, a répondu René Revol, vice-président délégué à la gestion de l’eau, qui lui a succédé à la gestion des déchets. Depuis quatre ans, nous savions que cette délégation de service public prendrait fin dans un an, et on n’avait pas le droit de ne rien prévoir pour après. Notre objectif, c’est de développer le tri sélectif. On ne peut plus exporter et enfouir nos déchets. La filière CSR, ce que j’appelle un incinérateur de luxe, va permettre d’augmenter le tri et de créer de l’autonomie énergétique. Tous les maires m’ont manifesté leur soutien.”
Un budget sous le signe des mobilités
1,151 milliard d’euros. C’est le montant du budget primitif 2024 qui a été voté ce mardi par la Métropole. “C’est cette année que nous réaliserons le plus d’infrastructures dans le mandat”, a rappelé le premier vice-président Renaud Calvat.
Les mobilités représentent plus de la moitié du budget, avec 40 % pour les mobilités douces et notamment la ligne 5 de tramway dont 80 % des rails seront posés fin 2024. 14 % sont réservés aux mobilités routières, avec 2 270 km de voirie à entretenir.
La transition énergétique (15 %) – marqué par un investissement de 130 M€ pour la gestion des déchets, “du jamais-vu” – , le sport et la culture (11 %) et l’économie (6 %) sont les autres principaux postes de dépenses.
“Nous avons réussi à préserver 78 M€ d’épargne brute, après les 80 M€ de 2023, a souligné Renaud Calvat. Quant à la hausse de 2,3 % de la TEOM (taxe d’enlèvement des ordures ménagères), elle est impérative pour équilibrer nos dépenses.”
Au nom de l’opposition, Alenka Doulain (Mupes) a déploré la hausse de la TEOM, qui est “un reniement de votre promesse”. Elle a aussi critiqué “des dépenses qui creusent la dette, à l’image de la gratuité des transports, des ZAC, de l’embellissement de la Comédie et de l’Esplanade)” et l’absence d’investissements préparant notre territoire à la crise écologique.”
Le budget a été adopté malgré 14 voix contre et 3 abstentions.
Ce mardi a aussi marqué la fin de quatre années de collaboration entre Coralie Mantion et la majorité métropolitaine. Celle qui était la tête de liste écologiste, en 2020, n’a pas voté le budget 2024, ni le projet de filière CSR, ce mardi. “Je quitte la majorité car il y a une rupture de contrat de Michaël Delafosse envers les écologistes. Nous avions en effet pris des engagements communs devant les Montpelliérains sur le fait qu’il n’y ait pas d’incinérateur, et qu’une politique zéro déchet serait mise en place. Parmi nos points d’accord, il y avait aussi la préservation des terres agricoles et des corridors écologiques à Montpellier. Le dernier PLUI ne respecte pas cela.”
Ce conseil a aussi marqué la rupture entre écologiques, ceux groupés autour de Manu Reynaud ayant voté avec la majorité, tandis que d’autres, autour de Coralie Mantion, ayant voté contre.
À l’image des débats enflammés qui ont marqué ce conseil, les votes ont été contestés. Le choix du mode de gestion des déchets a ainsi enregistré 11 voix contre et 10 abstentions.