Dans une interview à Midi Libre, il revient sur l’insécurité dans les quartiers de la ville.
Il vous a été reproché votre absence au Chemin-Bas d’Avignon dans les jours qui ont suivi les terribles fusillades des 8 et 20 février (la seconde mortelle). Que répondez-vous ?
Tous les jours, j’ai un compte-rendu de mes équipes qui sont dans le quartier. J’aurais dû m’y rendre pour voir Mme Belloubet (ministre de l’Éducation nationale) mais elle n’est pas venue. Elle devrait le faire prochainement. On se connaît puisqu’elle était déjà venue à Nîmes quand elle était Garde des Sceaux. Après, ce qui se passe dans ces quartiers se passe un peu partout en France…
Oui, mais ici, on est à Nîmes !
Et qu’est-ce que vous croyez que je peux faire de plus ? C’est l’État qui est responsable de tout ça !
Mais vous comprenez que des enfants ont été traumatisés, qu’il y a aussi des agents municipaux qui travaillent dans le quartier et que les gens ont besoin de s’épancher auprès du maire que vous êtes…
J’ai fait un courrier à tous les parents concernés et je leur ai dit que ce qu’ils vivaient était indaminissible, qu’ils étaient pris dans une spirale très difficile… l’Etat doit prendre des décisions importantes, quitte à créer un ministère destiné à la lutte contre les narcotrafiquants.
La Ville ne fait pas rien : vous déployez notamment la police municipale auprès des écoles…
Oui, alors que ce n’est pas leur rôle. J’ai 165 policiers municipaux qui sont systématiquement sur le terrain ! On a aussi pris la décision de fermer le corridor entre le collège Romain Roland et l’école Bruguier, qui est un nid à trafiquants. On fait aussi refaire le portail électrique de Bruguier et à terme on fera un nouveau parvis pour les deux écoles. Ça, ça rentre dans le cadre de ma fonction de maire.
Des enseignants ont demandé à ce qu’on délocalise l’école. Vous n’y êtes pas favorable ?
Non, pas du tout ! Ce serait reculer par rapport aux trafiquants et ce ne serait pas une bonne chose.
Pourtant, vous avez fermé le centre social André-Malraux. Ce n’est pas un recul ?
Quand vous n’avez pas d’agents sur place (ils ont exercé un droit de retrait, NDLR) vous en pouvez pas faire autrement. Les agents ont peur. Là, ils se retirent quelques temps, mais ils vont reprendre le travail.
A Pissevin, vous avez pris la décision de raser la médiathèque. Pourquoi ?
On va attaquer les travaux de l’Anru avec la médiathèque Richard-Wagner. Ça va fragiliser la médiathèque et on a décidé de la fermer définitivement. Puis de la repositionner sur la galerie Richard Wagner, en rez-de-chaussée face aux trois tours. Entretemps on va trouver des solutions pour garantir le service.
Pourtant, il y avait eu quasi 1M € de travaux en 2020… Au départ ce n’était pas votre décision de la raser. Qu’est-ce qui a changé ?
C’est vrai, que c’est un peu un gâchis. Mais on ne savait pas que les travaux allaient autant impacter le bâti de la médiathèque. Elle risquait carrément de tomber ! Et puis il faut voir cela à l’échelle des 700 M€ de l’Anru. Le but, c’est de changer profondément le quartier. Et ça va commencer dès cet été. Il faudra un peu de patience, mais ce sont des chantiers énormes, qui vont transformer la ville. Je suis persuadé qu’on va voir les choses changer.
Avez-vous des nouvelles du Contrat de sécurité intégré ?
Oui, le contrat de sécurité intégré a été accepté par le Ministère, on le signera avec le préfet du Gard très prochainement, courant avril, et on posera la première pierre du commissariat commun (poste de police, NDLR) pour une ouverture dans l’été.
Gérald Darmanin ne viendra pas le signer ?
Non, il est trop occupé. Il a beaucoup de choses à faire.
Qu’attendriez-vous en plus de l’État ?
Plus de policiers. Et aussi, il faut que la justice fasse son travail, même si je trouve que la procureure le fait plutôt bien.