A l’invitation de l’association Crimhalt*, les familles des victimes du récent règlement de compte à Marseille viennent de s’immerger au pays de la Camorra. Apprendre des Italiens de l’antimafia comment se positionner face à la violence organisée. Nous étions là avec eux.
Par Frédéric Crotta
Radio Siani les « bonnes ondes » de l’antimafia (3)
Ercolano au pied du Vésuve. Connue dans le monde entier pour ses somptueuses ruines antiques, cette ville de 50 000 habitants est également prise dans les tentacules de la mafia. Au cœur de la ville, un appartement confisqué à un patron de la mafia a été transformé en un studio de radio pas comme les autres. Avant de tomber entre les mains d’une coopérative sociale, cette radio avait une fonction bien particulière. Grâce à la musique ou aux codes secrets diffusés à l’antenne, la mafia pouvait communiquer et envoyer des messages à ses collègues emprisonnés. Depuis, la ligne éditoriale de la station a complètement changé, et elle aborde au quotidien des thématiques beaucoup plus sociales et apaisées.
Le nom d’un journaliste assassiné
Radio Siani porte le nom d’un journaliste de 26 ans assassiné pour avoir approfondi la mafia et les affaires politiques. Son corps a été retrouvé le 23 septembre 1985. Au pied de son domicile dans le quartier Arenella de Naples. Au volant de sa Méhari, il a reçu 10 balles dans la tête avec un 7,65. Il faudra douze ans et la collaboration de trois rebelles de la Camorra pour découvrir l’identité des criminels. Le jeune journaliste indépendant – il ne sera reconnu professionnel qu’à titre posthume en 2020 – avait eu la mauvaise idée d’enquêter sur les liens entre la Camorra et les hommes politiques locaux. Notamment sur le trafic de cigarettes et de drogues. Mais aussi sur l’attribution des marchés de travaux publics suite au terrible tremblement de terre de 1980. La corruption à tous les niveaux.
Exploiter les trafiquants dans le portefeuille
*Crimhalt est une association qui existe depuis 2015. Sous la direction de Fabrice Rizzoli, elle a pour objectif de promouvoir une meilleure information des citoyens, mais aussi d’offrir aux pouvoirs publics des pistes de réflexion sur des sujets liés à la grande délinquance. Grâce à un financement Erasmus+, elle organise des voyages d’études sur le terrain. Le Sénat discute actuellement des amendements à la loi relative à la confiscation des avoirs des trafiquants de drogue. Interrogé le 26 mars par la commission d’enquête du Sénat sur l’impact du trafic de drogue en France, Bruno Le Maire a déclaré : « Il faut simplifier, accélérer et renforcer les procédures pour mieux frapper les trafiquants au portefeuille ».Bruno Le Maire a appelé à la création d’une « procédure administrative » pour geler les avoirs. Enfin !
Frédéric Crotta