Invité, mercredi, sur le plateau du journal de 20 H de TF1, le Premier ministre a annoncé vouloir une réforme de l’assurance chômage avant l’été.
Haro sur les chômeurs… Mercredi, les députés macronistes avaient été chargés de préparer les esprits à l’intervention du Premier ministre au journal de 20 heures de TF1, et certains l’ont fait avec zèle.
“Il y a des familles entières qui vivent du système. Les parents travaillent juste le temps de recharger leurs droits au chômage et s’arrêtent. Les enfants devenus adultes reproduisent le modèle. Il faut que cela cesse”, nous assurait un député Renaissance à l’heure du déjeuner : un tableau partial qui a le mérite de faire passer les remèdes proposés par le chef du gouvernement pour de douces potions.
“Moins de recettes que prévu”
Mercredi soir, interrogé par Gilles Bouleau, Gabriel Attal a commencé par un constat : le déficit public est passé à 5,5 % du PIB. “La situation est sérieuse”, a-t-il assuré, précisant qu’il n’y a pas eu de “dérapage des dépenses” mais surtout “moins de recettes que prévu”.
Pour autant, le gouvernement n’entend pas renoncer à son objectif de repasser sous la barre des 3 % de déficit en 2027. “Nous gardons cet objectif car un pays surendetté (n’est pas) un pays libre”.
Et s’il ne ferme pas la porte à une taxation des plus riches ou des superprofits, il en laisse la responsabilité aux autres : “Je n’ai jamais eu de dogme sur le sujet de la taxation des super riches et des super profits” mais, complète-t-il, “j’attends de voir des propositions crédibles de la part des parlementaires et des partenaires sociaux”.
Le locataire de Matignon exprime en revanche deux lignes rouges : “Ne pas augmenter les impôts des classes moyennes, ceux qui gagnent trop pour avoir des aides et pas assez pour s’en sortir”, et ne pas augmenter les impôts pour ceux qui créent des emplois. “Qu’est-ce qui permet d’avoir des recettes ? Que plus de gens travaillent. L’objectif, c’est d’arriver au plein-emploi”, conclut-il.
“Plus de souplesse”
Gabriel Attal s’était en effet invité sur le plateau du 20H pour poser la première pierre d’une réforme de l’assurance chômage qu’il veut voir aboutir à l’été afin qu’elle entre en vigueur à l’automne. “Mon objectif n’est pas de m’en prendre aux chômeurs”, précise-t-il pour répondre aux attaques qui s’expriment déjà.
Mais selon lui, et selon le chef de l’État, seule une hausse du nombre de salariés permettra d’augmenter les recettes fiscales. Pour inciter les chômeurs à retrouver le chemin de l’emploi, Gabriel Attal envisage trois pistes : “Réduire la durée d’indemnisation de plusieurs mois mais pas en dessous de 12 mois.”
“Sortir du carcan des 35 heures par semaine”
Autre piste, selon le Premier ministre : “Le temps qu’il faut avoir travaillé pour bénéficier d’une indemnisation.”
Quant à la question de la dégressivité des allocations, il laisse le soin aux partenaires sociaux d’y réfléchir. Sur les autres questions abordées lors du séminaire gouvernemental qui s’était tenu le matin même, Gabriel Attal est resté plus évasif.
La remise en cause des 35 heures évoquée par Bruno le Maire ? Pas un mot. En revanche, il a souhaité mieux organiser le temps de travail pour “plus de souplesse” afin de “sortir du carcan des 35 heures par semaine”.
“Désmicardiser la France”
Mais surtout, il n’a pas perdu de vue sa volonté de “désmicardiser la France” par une révision du “système des allègements des cotisations” afin d’inciter les employeurs à augmenter la rémunération de leurs salariés.
Le gouvernement le sait, ces réformes ne produiront pas d’effets concrets avant au moins plusieurs mois. Elles visent surtout à adresser un message aux acteurs économiques alors qu’approchent les avis des agences de notation. Le Premier ministre s’adressait aussi, en vue des européennes, à un électorat macroniste qui s’est droitisé ces sept dernières années. « Mes parents me disaient : “On veut que tu sois libre””, a-t-il confessé en fin d’interview ajoutant : “Je veux que les Français soient libres. C’est pour ça que je suis si attaché au travail.”