L’occasion faisant le larron, la sortie de route budgétaire, officialisée le 26 mars par l’annonce d’un déficit public à 5,5 % du PIB, offre au gouvernement l’opportunité rêvée d’accentuer le tournant de la rigueur. Après le coup de rabot décrété par Bercy, il y a quelques jours, de 10 milliards d’euros ponctionnés sur le budget en cours, Gabriel Attal devrait déflorer, ce mercredi soir en direct sur la première chaîne de France, les contours de nouvelles réformes antisociales, assurance-chômage et revenu de solidarité active en tête.
En baissant à nouveau la durée de l’indemnisation – déjà ramenée lors de la précédente réforme de 24 mois à 18 mois –, le gouvernement persiste dans la pire des stratégies. Dans un pas de deux savamment orchestré, Bercy et Matignon ont préparé le terrain. D’un côté, Bruno Le Maire a affirmé et réaffirmé son objectif de ramener le déficit public sous la barre des 3 % de PIB en 2027 « sans augmenter les impôts » ; de l’autre, Gabriel Attal vante un « modèle social qui incite davantage à l’activité ».
Tailler dans les dépenses pour éviter d’examiner les recettes, l’affaire n’est pas nouvelle. Mais la méthode heurte, désormais, jusque dans les rangs de la majorité. Plus impérativement que jamais, la pile des dossiers sous le boisseau doit être remise sur la table : rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune, taxation des superprofits, des transactions financières et des dividendes, lutte contre l’évasion fiscale, conditionnement des aides publiques aux entreprises.
Au classement des pays qui comptent le plus de millionnaires, la France s’est hissée, en 2022, sur la troisième marche du podium mondial, quand la pauvreté, elle, y augmente régulièrement depuis le milieu des années 2000. Systématiquement contredite par les faits, l’efficacité des politiques d’austérité est une chimère. Les libéraux de tout poil auront beau s’entêter, appauvrir les plus pauvres pour ne pas mettre à contribution les plus riches ne peut tenir lieu de politique économique. Pas plus que l’autosatisfecit permanent, de bilan politique.