L’Occitanie s’est lancée dans une politique ferroviaire de gratuités par l’usage. En quoi cela consiste-t-il ?
En zone urbaine, la fréquence importante et la densité rendent possible la gratuité dans les transports en commun. La problématique est tout autre pour les trains régionaux et les cars interurbains : les fréquences de service, les types de populations, les sources de financements, les distances parcourues ne sont pas les mêmes.
L’Occitanie regroupe 13 départements et 4 500 communes dont 3 500 qui ne sont pas dans une agglomération ou une métropole. De ce fait, l’expérience occitane est une originalité en France et en Europe. L’idée étant qu’au fur et à mesure de l’utilisation des transports régionaux, des réductions sont accordées, jusqu’à la gratuité, notamment pour les plus jeunes.
Quels sont les dispositifs ?
Sur un mois, les 12-26 ans bénéficient de 50 % de réduction, puis dès le onzième voyage, les trajets sont gratuits. Après 20 voyages, l’usager alimente une cagnotte pour les prochains mois. C’est le principe du dispositif « + = 0 ».
Les plus de 60 ans bénéficient de 10 % dès le premier trajet, 20 % sur le deuxième et ainsi de suite jusqu’à – 50 % à partir du 5e trajet. Et tous les 20 voyages, un trajet est offert. À compter du 28e voyage, c’est 90 % de réduction et, dès le 41e, les transports sont gratuits.
Pour la tranche intermédiaire, les 27-59 ans, c’est 20 % dès le deuxième trajet dans le mois, 50 % dès le 5e, 70 % dès le 7e et 90 % dès le 28e trajet.
Quel bilan tirez-vous de ces dispositifs ?
Près de 80 000 jeunes bénéficient de notre dispositif « + = 0 ». Nous avons également mis en place des TER à 1 euro le premier week-end de chaque mois. Le succès est au rendez-vous, avec plus de 120 000 billets vendus début mars, à comparer aux 35 000 en moyenne sur un week-end normal. En 2023, nos trains régionaux ont enregistré une hausse de 57 % de fréquentation par rapport à 2019.
Nous avons donc dépassé le trafic d’avant Covid, alors que la plupart des réseaux urbains n’ont pas retrouvé un niveau d’avant crise. Nous y consacrons 1 milliard d’euros sur les 3,5 du budget de fonctionnement pour les transports. Sur les sept années de mandat, nous prévoyons 5 milliards d’investissement régionaux. Un peu plus d’un milliard aidera à développer les mobilités.
Pour quelles raisons l’Occitanie a-t-elle signé une convention avec le groupe SNCF ?
Avec cette convention, d’une durée de dix ans, nous prévoyons un accroissement de 27 % du nombre de places mises à la disposition des usagers. Nous considérons que l’ouverture à la concurrence n’est pas une solution. Le statut des cheminots n’est évidemment pas la cause des difficultés du rail. C’est bien le manque d’investissement du gouvernement qui est à déplorer.
La France ne débourse que 46 euros par habitant dans l’infrastructure ferroviaire. C’est 114 euros en Allemagne, 187 en République tchèque et même 575 au Luxembourg. Sans les financements de l’État, le gestionnaire se paye sur les usagers et les opérateurs, à travers les péages ferroviaires. L’Occitanie comporte 2 400 kilomètres de voies ferrées, dont 1 600 pour les lignes de dessertes fines. Nous n’avons pas d’autre choix que d’investir dans la maintenance de ces lignes.