Il ne s’agit pas d’une faute d’orthographe. Le groupe écologiste du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes a lancé mercredi 20 mars un « observatoire du wauquisme ». Si à l’oreille le mot sonne comme « wokisme », il ne s’agit pas de fustiger les mouvements et les idées progressistes, c’est à dire tout ce qui déplaît à la droite et à l’extrême-droite et se retrouve affublé de cet adjectif venu d’Outre-Atlantique. Le « wauquisme » en question est tiré du nom de Laurent Wauquiez, président LR de la région et possible prétendant à l’Elysée pour son parti.
Laurent Wauquiez est « un grand spécialiste » de l’utilisation du « wokisme » comme repoussoir, pour stigmatiser ceux qui défendent la justice et l’égalité raciale, et luttent contre toutes les discriminations. Cette fois, c’est lui qui se retrouve dans le viseur des écologistes. Benjamin Joyeux, conseiller régional de Haute-Savoie, explique que l’initiative va au-delà du seul cas du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’élu entend « analyser une nouvelle idéologie de droite qui se rapproche sans limite de l’extrême droite, en rupture totale avec les grandes figures de la droite républicaine, de Jacques Chirac, Alain Juppé ou Jacques Barrot […] pour bien comprendre vers quoi nous risquons d’aller ».
Dérives sécuritaires, idéologie intolérante, suppressions de subventions…
Pour informer au mieux les électeurs sur le péril « wauquiste », les écologistes recensent donc sur leur site les dérives sécuritaires de la politique de cette figure de LR, les disparités entre les territoires de la région, et accusent Laurent Wauquiez d’en faire « la tribune et l’instrument d’une idéologie en grande partie intolérante envers (…) les minorités sexuelles et de genre ». En 2013, il était déjà un farouche opposant à la loi sur le mariage pour tous.
Laurent Wauquiez agite par ailleurs tous les marqueurs de la droite la plus réactionnaire dans l’exercice de son mandat. Avec des campagnes sur la sécurité, dont celle des lycées principalement : caméras de vidéoprotection jusque dans les cars scolaires, sous couvert de lutter contre le harcèlement, portiques, alarmes. Sous prétexte de valoriser le mérite et le travail, il a créé des bourses qui ne font que creuser les inégalités entre les élèves augmentant ainsi la compétition entre eux. « Ces financements à la réussite individuelle se font au détriment des financements dédiés au soutien des projets pédagogiques élaborés par les équipes enseignantes » dénoncent les élus écologistes. Sous prétexte de chasse au « wokisme », la région avait également supprimé la subvention de Science Po Grenoble en 2021.
Le patron du groupe LR à la région, Jérôme Moroge, a réagi à la création de l’observatoire du « wauquisme » en accusant les élus écologistes de s’en prendre à la personnalité Laurent Wauquiez.