Dans le Nord et le Pas-de-Calais, après les transports de Dunkerque, Calais et Douai, place à Tadao ? Les agglomérations de Lens-Liévin, Béthune et Hénin-Carvin se donnent en effet la possibilité de rendre le réseau de bus en commun gratuit dès le 1er janvier 2026. La mesure a été rendue possible, fin 2023, lors du renouvellement de la délégation de service public (DSP) avec l’exploitant Transdev. La fin de la tarification pourrait ainsi être mise en place si une décision politique l’acte avant l’été 2024. « Les communistes portent la gratuité depuis 2016. Nous avons multiplié les rencontres avec les usagers. Les retours ont tout de suite été positifs. Le fait que trois réseaux proches aient basculé dans le libre accès nous a confirmés dans notre bataille », se félicite Pierre Chéret.
L’élu communautaire PCF à Lens-Lievin chargé des transports rappelle volontiers les actions menées par sa formation politique. En 2019, notamment, lors d’une action coup de poing où les communistes du bassin minier ont entouré de Cellophane les distributeurs de tickets du réseau. Depuis, deux agglomérations, Lens-Liévin et Hénin-Carvin, à gauche, sont convaincues de la mesure. Elles la mettront d’ailleurs progressivement en place dès 2025, en remboursant les cartes d’abonnement des usagers. La troisième, Béthune-Bruay-Artois, présidée par l’UDI, est plus réservée, assurant que la mesure doit déboucher « sans nouvelle fiscalité ».
Passer de 14,4 millions de voyageurs à 19,5 millions
« Nous avons besoin dans nos territoires d’alternative à la voiture. Nombre de familles ici en ruralité et urbanité utilisent 2 à 4 véhicules diesel qui seront bientôt interdits, mesure Pierre Chéret. Nous devons faciliter l’accès aux bus, en améliorant le réseau, en priorité pour les trajets domicile-travail. Ici, les habitants n’ont pas les moyens d’acheter plusieurs véhicules électriques. »
La DSP chiffre à 11 millions d’euros le coût de la gratuité, qui s’ajouteront aux 18 millions que versent déjà les trois agglomérations pour anticiper les besoins en chauffeurs et en bus supplémentaires. La perte de 5,6 millions en recettes commerciales est déjà comblée par une augmentation de 6 à 8 millions d’euros du versement mobilité des entreprises, sous l’effet de l’augmentation des emplois. Le nombre de voyageurs pourrait passer de 14,4 millions à 19,5 millions.
Pierre Chéret insiste : « L’utilité de la gratuité répond à une urgence. Les collectivités sont livrées à elles-mêmes. Le gouvernement ne fait rien pour nous soutenir. On ne peut pas subventionner des voitures électriques de plus en plus cher, d’un côté, et, de l’autre, ne pas mettre en œuvre des politiques plus offensives de développement des transports en commun. »