Hôpitaux au bord de la rupture, services publics à l’os, un demi-million de fonctionnaires qui gagnent moins de 1 500 euros par mois… Rarement l’expression « ras-le-bol général » n’aura résonné si justement. Ce mardi, à l’appel d’une large intersyndicale, les agents des trois fonctions publiques – d’État, territoriale et hospitalière – battent le pavé pour exiger que s’ouvrent enfin de véritables négociations salariales. Les beaux discours n’y suffiront pas. Les arguties budgétaires ne convaincront pas. Malgré le chantage à « l’image de la France » pour les intimider, les fonctionnaires ne sont pas dupes et menacent de poursuivre le mouvement pendant les jeux Olympiques s’ils n’obtiennent pas satisfaction.
À quelques semaines du scrutin européen, les promoteurs de l’austérité à sens unique mettent cartes sur table, escomptant agréger les voix de l’arc libéral. Sans rien cacher ou presque de ses ambitions politiques, le ministre de l’Économie promet de nouveaux tours de vis. Plus enclin à prêter l’oreille aux chants des sirènes des agences de notation qu’à entendre la colère des fonctionnaires, le comptable de Bercy a repris son rabot de pèlerin.
Dix milliards d’euros en 2024 et vingt milliards supplémentaires en 2025. Aux antipodes d’une planification économique qui privilégierait l’investissement de long terme, c’est une nouvelle fois la politique de la coupe franche qui prévaut, avec dans le viseur les services publics et les dépenses sociales. La méthode est brutale et le Parlement systématiquement tenu à l’écart du débat.
Les « essentiels », les « premières lignes », celles et ceux qui tiennent les services publics à bout de bras exigent leur juste part. Augmenter leurs salaires, c’est briser le cycle infernal de la paupérisation, redonner de l’attractivité à leurs métiers et un avenir à leurs missions d’intérêt général. « De l’argent, il y en a », dit la formule. Chaque année, l’État verse sans condition près de 200 milliards d’euros d’aides aux entreprises, s’assoit sur 4,5 milliards de recettes en refusant de rétablir l’impôt sur la fortune et laisse s’évader plus de 100 milliards de fraude fiscale.