À 50 km de l’île grecque de Limnos dans la mer Égée, un « bateau transportant des immigrants en situation irrégulière a chaviré au large d’Eceabat-Gökçeada », durant la nuit du 14 au 15 mars. Seules quatre personnes ont survécu. Sur les lieux, des garde-côtes dépêchés par les autorités tentent de secourir d’autres personnes alors qu’un drone, des hélicoptères et un avion survolent la zone. Des ambulances ont aussi été mobilisées vers le port de Kabatepe pour secourir les potentiels rescapés.
Deux jours plus tôt, le 13 mars, 25 survivants recueillis par l’Ocean Viking, affrété par l’ONG SOS Méditerranée, alertaient de la mort de 60 migrants après la panne de moteur de leur zodiac. Alors qu’il quittait la Libye, leur bateau a dérivé pendant quatre jours sans « avoir reçu d’aide, bien que des avions et des hélicoptères aient survolé leur zodiac », ont déclaré les survivants à bord l’Ocean Viking, qui selon les personnels du bateau humanitaire « étaient dans des conditions psychologiques et physiques dramatiques ». Depuis le mercredi 13, l’Ocean Viking a secouru 361 migrants en mer.
La Méditerranée orientale, voie dangereuse et surveillée
Malgré la courte distance séparant la Turquie des îles grecques, la Méditerranée orientale est l’un des passages les plus dangereux pour ses courants, ses conditions météorologiques capricieuses et la forte présence de Frontex.
La traversée par la voie orientale, largement empruntée en 2015, l’est beaucoup moins depuis l’accord entre l’Union européenne et la Turquie établi fin mars 2016. Cet accord migratoire prévoit le renvoi vers la Turquie de tous les migrants entrés en Grèce n’ayant pas fait de demande d’asile ou dont celle-ci aurait été rejetée. Il prévoit également une aide financière pour la Turquie et la gestion des réfugiés arrivants ou revenants. Le pays abrite quatre millions de réfugiés sur son territoire, en majorité des Syriens, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
La voie orientale reste toutefois utilisée par des personnes du Moyen-Orient et d’Asie du Sud « fuyant les conflits et l’instabilité, notamment les Syriens, les Irakiens et les Afghans » (OIM). Dans un rapport publié début mars, le Conseil européen pour les réfugiés et les exilés (ECRE) s’alarme de l’augmentation des arrivées de migrants sur les îles grecques depuis la Turquie. Entre le 1er janvier et le 15 octobre 2023, 28 506 personnes sont arrivées en Grèce après la traversée de la mer Égée, d’après l’OIM.
Mi-novembre-2023, au moins cinq personnes sont mortes noyées au large de la province turque d’Izmir après le naufrage de leur bateau, en face des îles grecques de Chios et Samos.
Plus de 3 000 migrants disparus en Méditerranée en 2023
C’est le plus lourd bilan annuel depuis 2017. Selon l’OIM, plus de 3 000 migrants ont disparu en Méditerranée durant l’année 2023.
Durant l’été 2023, l’ONU a signalé un nombre de migrants morts ou portés disparus en traversant la Méditerranée trois fois supérieure à l’année précédente pour la même période. Entre janvier et août 2023, plus de 102 000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée depuis la Tunisie, et 45 000 depuis la Libye.
Le Projet Migrants Disparus de l’OIM, qui tente de collecter les chiffres des personnes décédées durant leur processus de migration, a enregistré plus de 29 228 décès et disparitions en mer Méditerranée depuis l’année 2014.
L’année 2024 s’annonce lourde de pertes, avec déjà 360 personnes décédées ou portées disparues en traversant la Méditerranée, en 3 mois seulement (OIM).